L’ONU qualifie de «catastrophique» la situation en Birmanie
L’ONU a mis en garde mardi 6 juillet contre l’évolution «catastrophique» de la situation en Birmanie, en proie à des troubles depuis le coup d’État militaire du 1er février, faisant peser des risques sur l’ensemble de la région.
«La situation en Birmanie est passée d’une crise politique à une catastrophe multidimensionnelle en matière de droits humains», a déclaré la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève.
«L’évolution catastrophique de la situation en Birmanie depuis le coup d’État a eu des répercussions graves et étendues sur les droits humains, la paix et la sécurité et le développement durable. Elles génèrent un potentiel évident d’insécurité massive, avec des retombées sur l’ensemble de la région», a-t-elle ajouté, sans autres précisions à ce sujet. La responsable a souligné que le coup d’État avait «exacerbé un certain nombre de conflits de longue date dans les régions birmanes frontalières», relevant que les combats ont repris dans certains États birmans où vivent des minorités «qui avaient été généralement pacifiques ces dernières années».
Depuis que l’armée a pris le pouvoir le 1er février et destitué le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi, les forces de sécurité ont réprimé dans le sang le mouvement de protestation contre le régime militaire. «Ce qui a commencé comme un coup d’État de l’armée birmane s’est rapidement transformé en une attaque contre la population civile qui s’est généralisée et systématisée», a noté Michelle Bachelet.
200.000 personnes contraintes de fuir
Selon l’ONU, près de 900 personnes ont été tuées, quelque 200.000 autres ont été contraintes de fuir leur domicile à la suite de raids militaires dans des quartiers et des villages et des milliers de personnes ont fui vers les pays voisins. Par ailleurs, toujours selon l’ONU, au moins 5200 personnes ont été arbitrairement arrêtées. Parmi elles, plus de 90 journalistes, tandis que huit grands médias ont été fermés. «La souffrance et la violence qui règnent dans tout le pays anéantissent les perspectives de développement durable et font craindre la faillite de l’État ou une guerre civile plus large», a relevé Michelle Bachelet, qui avait dit à la mi-avril craindre que la Birmanie «ne se dirige vers un conflit généralisé».
Michelle Bachelet a qualifié de «premier pas» la libération la semaine dernière de 2200 prisonniers mais a demandé que cette libération soit inconditionnelle et rapidement suivie par celle des milliers de personnes encore détenues arbitrairement, y compris des dirigeants politiques. «Le désespoir grandit», a-t-elle prévenu, faisant valoir que dans de nombreuses régions birmanes certaines personnes ont pris les armes pour se protéger.
Le Figaro avec Agence France Presse – 6 juillet 2021
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