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En Birmanie, le face-à-face de deux gouvernements et le spectre de la guerre civile

Le magazine Nikkei Asia consacre sa une à la situation en Birmanie. Face à la junte qui a pris pouvoir en février, un gouvernement clandestin prodémocratique appelle désormais au soulèvement armé.

Le magazine japonais Nikkei Asia consacre dans son édition datée du 16 septembre une longue analyse à la situation dangereuse dans laquelle est plongée la Birmanie depuis le coup d’État militaire du 1er février.

Le 7 septembre, le président du gouvernement clandestin d’unité nationale, Duwa Lashi La, a déclaré la guerre contre le régime dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Comme le souligne le magazine, cette” vidéo d’un homme politique peu connu […] est devenue virale, rassemblant plus de 1 million de vues sur Facebook, Twitter et d’autres plateformes en quelques jours”.

“Arborant un couvre-chef traditionnel rouge et violet et une veste blanche, Duwa Lashi La, avocat kachin [ethnie du nord de la Birmanie] et président du gouvernement clandestin d’union nationale, a déclaré ‘une guerre défensive du peuple’ contre les militaires qui ont pris le pouvoir le 1er février.” Dans son discours, Duwa Lashi La exhorte “chaque hameau, chaque village, chaque ville du pays [à] se soulever”, appelle les fonctionnaires à abandonner leur poste et les groupes ethniques armés à viser les intérêts du régime militaire et les forces de sécurité.

Pour le journal japonais, cette déclaration “marque un tournant” par l’abandon de la doctrine non violente d’Aung San Suu Kyi, chef de l’État de fait de la Birmanie, renversée par le coup d’État du 1er février. Prix Nobel de la paix en 1991, elle avait pris la tête du mouvement démocratique s’opposant à la junte dans les années 1990 et 2000 avec son parti de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), passant plus de quinze ans en résidence surveillée. À partir de 2008, l’armée avait initié une transition démocratique, ouvrant la voie à des élections législatives semi-démocratiques en 2012, durant lesquelles Aung San Suu Kyi avait été élue députée. Un nouveau scrutin complètement libre s’est tenu en 2015, permettant la constitution d’un gouvernement de la LND. Mais l’armée a toujours conservé le contrôle de plusieurs ministères. Elle n’a pas accepté le résultat des élections législatives de novembre 2020 et a renversé le gouvernement le 1er février.

“Depuis leur prise de pouvoir et l’établissement du conseil de l’administration de l’État, les généraux sont revenus sur les réformes démocratiques des dix dernières années”, note Nikkei Asia, mettant fin du même coup à une période de relative stabilité et de croissance économique. Leur brutale répression des manifestations qui ont suivi, qui a fait au moins 1 080 morts, rend improbable toute désescalade.

Courrier International / Nikkei Asia – 16 septembre 2021

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