Le Vietnam hyperactif sur le marché de la noix de cajou
Sur le marché de la noix de cajou, le Vietnam confirme sa place centrale : le pays a importé des quantités records de noix et se retrouve aujourd’hui avec des stocks exceptionnels.
Premier importateur de noix brute, premier transformateur et premier exportateur d’amandes de cajou, le Vietnam était déjà le roi sur le marché. Mais il réussit une nouvelle prouesse, celle de brasser des volumes inattendus alors qu’on pensait fin août que son activité portuaire avait été considérablement ralentie par le confinement strict imposé à Hô Chi Minh-Ville.
Cela n’a visiblement pas été le cas, les importations ont atteint des niveaux records et les stocks vietnamiens sont incroyablement élevés.
Les stocks exceptionnels du Vietnam auront un impact sur les prochaines campagnes
Difficile de comprendre pourquoi les importateurs ont acheté autant et aussi vite, commente Pierre Ricau, analyste du bulletin d’informations agricoles N’kalo. Est-ce pour simplement stocker et revendre aux transformateurs, à bas prix ? Ou bien le pays a-t-il suranticipé une croissance mondiale de la consommation ? La demande de noix de cajou est certes en augmentation, mais peut-être pas à la mesure des stocks vietnamiens.
Cette politique d’achat à tout va a permis à l’Afrique de l’Ouest de vendre toute sa production 2021, mais l’ampleur des stocks vietnamiens aura immanquablement un effet sur les transactions dans les mois qui viennent. Les transformateurs locaux ont de quoi alimenter leurs usines et pourraient ne pas être pressés d’acheter la nouvelle production mondiale.
Les transformateurs comme le Mozambique et la Côte d’Ivoire seront moins vulnérables
Les premiers à en pâtir sur le continent risquent d’être les prochains à arriver sur le marché, c’est-à-dire les pays d’Afrique de l’Est situés dans l’hémisphère sud dont la campagne est décalée, à savoir la Tanzanie, le Mozambique ou encore Madagascar. Leur calendrier de production est d’ordinaire un atout, car ils récoltent quand personne ne le fait, mais si le Vietnam a toujours de gros stocks en janvier, ils risquent de vendre moins ou à plus bas prix…
À l’horizon 2022, ceux qui tireront le mieux leur épingle du jeu, seront les moins dépendants de leurs exportations, et donc ceux qui ont les capacités de transformer localement une partie de leur noix, c’est le cas du Mozambique ou de la Côte d’Ivoire où les usines se multiplient.
Par Marie-Pierre Olphand – Radio France Internationale – 20 octobre 2021
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