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Amnistie en Birmanie : Maw, désormais libre, reste déterminé à lutter contre la junte

Des centaines de prisonniers politiques birmans, amnistiés par la junte sous pression internationale, ont retrouvé mardi 19 octobre leurs familles en liesse devant les prisons. Certains comme Maw promettent déjà de reprendre le combat contre le régime militaire.

Lundi, l’armée, au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février contre Aung San Suu Kyi, a annoncé la libération de 5 636 personnes arrêtées lors des manifestations massives qui ont secoué le pays après le putsch. Cette amnistie intervient à l’occasion de la fête bouddhiste de Thadingyut qui célèbre la fin du carême bouddhique et qui a débuté, pour trois jours, mardi. Aucun détail n’a été donné sur les personnes libérées.

C’est le cas de Maw, un étudiant et leader syndical de Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays. Âgé de 19 ans, Maw a pu retrouver les siens après quatre mois de détention. Il raconte les conditions de son incarcération et sa détermination à poursuivre le combat contre le régime militaire. « J’ai été arrêté en juin, parce que j’avais manifesté, confie-t-il au micro de Jelena Tomic du service international de RFI. Avec 4 autres étudiants on s’était réfugié chez un professeur. Mais les militaires nous ont retrouvés et nous ont tous arrêtés. Je suis resté en prison pendant quatre mois. Nous étions entassés à 50 ou 60 dans des cellules prévues pour 30 détenus. Il n’y avait pas assez de toilettes. Lors de la vague de Covid, tous les prisonniers sont tombés malades. Il y a eu des cas graves. »

La détermination à continuer la lutte

Maw affirme être très heureux d’être libre et de pouvoir enfin revoir sa famille. Quant à savoir s’il a peur d’être de nouveau arrêté, il déclare : « Honnêtement, je n’aimerais pas revivre ce que j’ai subi lors des interrogatoires. On a été battus, forcés à dénoncer nos collègues, à admettre qu’on était des membres de l’opposition armée. On devait rester des heures agenouillés. Après 7 jours, nous n’avons pas cédé. Mais on a été inculpés au titre de l’article 505 b du code pénal. Je continuerai à m’opposer à la junte militaire jusqu’à ce que l’on restaure un état démocratique et fédéral. Et tous mes camarades sont déterminés à aller jusqu’au bout. »

Un geste avant tout symbolique

Cette annonce de libération est avant tout un geste symbolique à destination de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). L’organisation, largement critiquée pour son manque d’efficacité, a décidé d’exclure le chef de la junte, Min Aung Hlaing, de son prochain sommet, fin octobre.

Le bloc a pris cette mesure exceptionnelle faute d’avancées sur la mise en œuvre d’un plan régional en vue de rétablir le dialogue et de faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire en Birmanie, en plein chaos depuis le putsch. Le passage en force des généraux a mis fin à une parenthèse démocratique d’une décennie dans le pays.

Depuis, l’armée mène une répression sanglante avec plus de 1 100 civils tués et quelque 8 000 arrêtés, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), qui rapporte des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires. Plus de 7 300 personnes étaient en détention avant l’amnistie annoncée lundi.

Cette libération massive de détenus est « une manœuvre cynique (…) qui ne parviendra pas à améliorer la réputation du régime », estime Richard Horsey du centre d’analyse International crisis group (ICG). « C’est une technique de distraction » destinée aux gouvernements étrangers, renchérit l’AAPP. L’armée n’a absolument « pas l’intention de relâcher la répression ».

Pour preuve, Aung San Suu Kyi, 76 ans, lauréate du prix Nobel de la paix 1991, reste visée par une multitude de procédures judiciaires – accusée de sédition, corruption, incitation aux troubles publics… Elle encourt de longues années d’emprisonnement si elle est reconnue coupable, de nombreux observateurs dénonçant un procès politique dans le but de neutraliser l’ex-icône de la démocratie, grande gagnante des élections de 2015 et de 2020.

Assignée à résidence depuis neuf mois, maintenue dans un isolement total et jugée à huis-clos, elle ne communiquait avec le monde extérieur que par l’intermédiaire de son équipe de défense, qu’elle ne rencontre qu’au tribunal. Mais ses avocats ont annoncé la semaine dernière être contraints au silence. La junte leur a interdit de parler à des journalistes, des diplomates et des organisations internationales. Aung San Suu Kyi est appelée à témoigner à son procès pour la première fois fin octobre.

Radio France Internationale avec Agence France Presse – 21 octobre 2021

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