Cambodge : 27 militants libérés à l’approche du sommet Asie-Europe
Geste rare au « royaume du million d’éléphants » : 27 opposants et militants des droits de l’homme ont été remis en liberté ces derniers jours, dont une figure de la Confédération cambodgienne des syndicats. Un moment très choisi par les autorités cambodgiennes, car le pays accueille la semaine prochaine le sommet virtuel Asie-Europe.
D’après les autorités cambodgiennes, cela n’a rien à voir. Il ne s’agit pas d’une quelconque pression, assure le porte-parole du ministère de la Justice. Que les prisonniers soient militants ou non, les tribunaux, dit-il, ne font pas la différence. Mais ce discours, personne n’y croit. Car au sein du forum Asie-Europe, les 27 représentants de l’Union européenne sont très critiques envers la politique répressive de Phnom Penh.
Sans oublier que le Cambodge va prendre l’an prochain la présidence tournante de l’ASEAN, l’association des pays d’Asie du Sud-Est. Le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, qui verrouille son pays depuis plus de 35 ans, a bien compris qu’il devait sauver les apparences.
Car l’ASEAN, réputée pour sa passivité, s’est tout à coup réveillée ces derniers mois. Le chef de la junte birmane en a fait les frais fin octobre : exclu du sommet régional en raison de sa lenteur à rétablir le dialogue avec l’opposition en Birmanie.
60 prisonniers politiques
Le Cambodge essaie sans doute de se montrer conciliant avec certains défenseurs des droits de l’homme pour ne pas créer d’incident diplomatique. Mais on est encore loin du compte. Il reste, d’après Human Rights Watch, au moins 60 prisonniers politiques dans les geôles cambodgiennes.
En outre, la répression s’est aggravée depuis le début de la pandémie de Covid-19. La pandémie sert de paravent à la mise en œuvre de nouvelles mesures arbitraires.
Radio France Internationale – 18 novembre 2021