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Birmanie : taper sur des casseroles contre la junte, désormais un crime de haute trahison

En Birmanie, la tradition de frapper sur des pots et des casseroles pour signifier son rejet de la junte militaire est désormais punissable de haute trahison, et pourra valoir entre trois ans de prison et une condamnation à mort. Une décision qui tombe moins d’une semaine avant le premier anniversaire de la prise de pouvoir par les militaires, le 1er février 2021.

Même si Moe Thway rentre chez lui parfois trop tard le soir, il est ravi que ses voisins continuent à taper sur leurs casseroles à 20h, comme depuis le début de la révolution il y a un an. « À Sanchaung, les gens continuent à frapper sur des pots et des casseroles, parce que c’est un quartier très politisé, explique-t-il. C’est un moment fort pour moi de voir que mes voisins continuent à le faire. »

La tradition révolutionnaire, qui remonte à des décennies, est l’un des premiers actes de protestation à avoir été lancé par la population quelques jours après le coup d’État. Dans tout le pays, à 20h, les familles sortaient sur leur balcon ou devant leur maison, et tapaient sur des pots et des casseroles pendant plusieurs minutes.

Violences

La tradition s’est essoufflée lorsque l’armée a commencé à arrêter et à violenter les habitants. Mais dans le quartier de Sanchaung, à Rangoun, on trouve encore quelques poches de résistance. « Certaines personnes continuent à défendre ce en quoi elles croient. Leur nouvelle idée, c’est de se cacher dans un coin sombre et de frapper sur les pots et casseroles, comme ça la police ne peut pas voir qui ils sont », détaille Moe Thway.

Pour U Ba, un artiste qui récupère les pots et casseroles de manifestants assassinés pour leur rendre hommage, l’annonce de punition de haute trahison à quelques jours du 1er février est révélatrice, mais ne découragera pas forcément la population. « La junte a peur de l’unité du peuple. Alors si vous êtes arrêté, ils seront très violents avec vous, estime-t-il. Mais les habitants vont sûrement se regarder les uns les autres, et si quelqu’un commence à frapper, tout le monde suivra. »

À l’approche du 1er février, le pays entier se prépare pour une journée de tensions et d’incertitudes.

Par Juliette Verlin – Radio France Internationale – 26 janvier 2022

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