Les Vergers du Mékong: la genèse d’une aventure éco-responsable au Vietnam
Premier épisode d’une série d’interviews d’entrepreneurs français installés au Vietnam. Le Petit Journal s’est déplacé à Can Tho, ville du Delta du Mékong à la rencontre de Jean-Luc Voisin, fondateur des Vergers du Mékong, une entreprise française au Vietnam.
Premier épisode d’une série d’interviews d’entrepreneurs français installés au Vietnam. Le Petit Journal s’est déplacé à Can Tho, ville du Delta du Mékong à la rencontre de Jean-Luc Voisin, fondateur des Vergers du Mékong, une entreprise française au Vietnam.
Dès ses débuts au Vietnam il y a 22 ans, Jean-Luc Voisin, fondateur et directeur général des Vergers du Mékong, a voulu faire du développement durable une véritable boussole. Il a ainsi développé deux marques complémentaires, “le Fruit” et “Folliet”, qui proposent essentiellement des jus de fruits et des confitures pour la première, du thé et du café pour la seconde.
Rencontre avec un entrepreneur français désormais enraciné au Vietnam, qui a la fibre environnementale chevillée au corps.
Du collectivisme à l’entreprise – De la riziculture à la fruiticulture
« Pour comprendre le milieu agricole vietnamien, il faut prendre en compte son histoire», nous dit Jean-Luc Voisin, en guise d’introduction.
Cette histoire, elle commence à la fin des années 90. Le Vietnam est alors en train d’amorcer une mutation économique de taille. Il n’a d’ailleurs pas le choix : l’Union Soviétique, qui était son principal appui, s’est effondrée. Dès lors, il apparaît à ses dirigeants que le temps de l’orthodoxie collectiviste est révolu et qu’il faut changer d’orientation économique. Ce sera chose faite dès 1986 , avec le lancement du Doi moi (« Renouveau », en français) qui consiste en une ouverture de plus en plus grande et de plus en plus rapide à l’économie de marché, ouverture autorisée puis ouvertement encouragée par le Parti Communiste Vietnamien.
Pour les agriculteurs, ce renouveau se traduit par une redistribution des terres. Les premiers résultats ne se feront pas attendre longtemps.
« L’année suivante, le Vietnam était déjà autosuffisant en riz, et deux ans après, il exportait du riz », nous fait remarquer Jean-Luc Voisin.
Les choses vont commencer à s’accélérer à partir de 1995, avec la fin de l’embargo américain, qui a pour effet notoire de permettre aux étrangers d’envisager des projets au ou avec le Vietnam.
Les prémices d’une aventure entrepreneuriale au Vietnam
C’est à partir du milieu des années 90 que Jean-Luc Voisin commence à s’intéresser au Vietnam, et plus particulièrement à l’agriculture vietnamienne.
Il s’aperçoit alors assez rapidement que les rizières sont toutes bordées de petites digues qui constituent en elles-mêmes des espaces tout à fait propices à d’autres cultures. Aussi envisage-t-il d’y planter des arbres, et tant qu’à faire, des arbres fruitiers.
« Le paysan s’est aperçu que sur sa bordure de terrain, il gagnait plus qu’avec le riz qui était à l’intérieur », se souvient-il.
Il faudra attendre 2000 pour que Jean-Luc Voisin pose enfin des valises au Vietnam, au moment de ce qu’il nomme lui-même la « genèse de la production fruitière ». Les statistiques du ministère de l’Agriculture sont alors formelles : le delta du Mékong est – potentiellement – le grand verger du pays.
« C’est un jardin magnifique, avec une variété incroyable… », constate en effet Jean-Luc Voisin, qui remarque néanmoins que les exploitations fruitières sont en général petites et surtout très disséminées dans toute la région.
Au gré des arroyos du Delta du Mékong
Au début, il choisit de se plier à la coutume locale et d’exploiter ce qui est, depuis, devenu une attraction touristique : les marchés flottants, qui ont pour lui le mérite de fonctionner sur un mécanisme de convergence, de toutes petites embarcations venant en approvisionner de plus grandes.
Assez rapidement, il décide de remonter le courant et remonter la chaîne de production.
« Petit à petit, on a essayé de remonter la filière pour se rapprocher du paysan, pour faire ce que tous les consommateurs réclament: la traçabilité », nous raconte-t-il.
Le processus sera néanmoins long à mettre en place et Jean-Luc Voisin va devoir attendre cinq ans pour signer son premier contrat avec un agriculteur. Aujourd’hui, il en a conclu des milliers, en s’inspirant du principe de convergence des marchés flottants : nombre de ses fournisseurs attitrés ont eux-mêmes des fournisseurs. Modernité oblige, chaque fournisseur est équipé d’une application de téléphonie mobile qui permet de suivre le flux des marchandises.
Les produits, eux, sont collectés dans ce que Jean-Luc Voisin appelle des « maisons du fruit », des Le Fruit home. Il y en a plusieurs, disséminées dans tout le delta, leur principal mérite étant bien évidemment d’amortir les coûts de transport.
Et c’est ainsi que Jean-Luc Voisin se retrouve aujourd’hui à la tête d’une entreprise florissante. Cette entreprise, les Vergers du Mékong, donc, il la gère de telle façon qu’elle est bénéfique à la fois pour l’homme et pour l’environnement.
Cet article est la première partie de notre rencontre avec Jean-Luc Voisin, la seconde partie sera à suivre bientôt …
Lepetitjournal.com – 5 mai 2022
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