Birmanie : deux explosions devant une prison de Rangoun font au moins 8 morts et 18 blessés
Cet attentat, survenu mercredi, ciblait des personnes qui faisaient la queue pour déposer des colis à l’intention de détenus à la prison d’Insein, connue pour être un lieu de rétention de centaines de prisonniers politiques.
Au moins deux bombes ont explosé devant une prison de la ville de Rangoun, au sud-est de la Birmanie, faisant au moins huit morts et dix-huit blessés, a annoncé mercredi 19 octobre la junte birmane.
Cet attentat ciblait des personnes qui faisaient la queue pour déposer des colis à l’intention d’amis ou de proches détenus à la prison d’Insein, a détaillé le communiqué du service d’information du gouvernement militaire.
Des « terroristes » sont à l’origine de ces explosions, a assuré la junte. Aucun groupe n’a pour l’instant revendiqué l’attaque.
Des prisonniers politiques détenus dans cette prison
Trois des victimes décédées sont des employés de la prison, selon des médias locaux citant des responsables de l’établissement. Des images relayées par des médias locaux montrent des traces de sang sur le sol autour d’un guichet avec des fenêtres brisées derrière.
Une femme qui attendait dans la queue, non loin du guichet où sont déposés les colis, a déclaré à l’Agence France-Presse que la première explosion avait eu lieu à 9 h 30, heure locale. « Ensuite, deux autres explosions ont suivi rapidement. Après ça on a aussi entendu des coups de feu », a ajouté cette femme, qui a requis l’anonymat.
Selon un autre témoin, les forces de sécurité ont bloqué les accès menant à cette prison qui date de la période coloniale et où sont détenus, selon des groupes de défense des droits de l’homme, des centaines de prisonniers politiques depuis le coup d’Etat militaire de février 2021. L’ancienne ambassadrice du Royaume-Uni en Birmanie Vicky Bowman et le documentariste japonais Toru Kubota y sont notamment détenus.
La Birmanie est en proie à un violent conflit civil depuis que le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, détenue dans la capitale Naypyidaw, a été renversé.
Des milices civiles ont pris les armes pour combattre l’armée au pouvoir. Des meurtres de représentants locaux de la junte ou de personnes accusées d’être ses informateurs sont rapportés chaque jour ou presque, et l’armée mène souvent des représailles dans la foulée.
La plupart des violences ont lieu dans des zones rurales, mais des groupes factieux ont aussi ciblé des représentants du pouvoir et des infrastructures dans les villes. En juillet, une explosion près d’un centre commercial de Rangoun a tué deux personnes et en a blessé onze autres.
Depuis le putsch, plus de 2 300 personnes ont été tuées par les forces de sécurité et plus de 15 000 arrêtées, selon une ONG locale. Le dernier bilan des pertes civiles attribuées aux rebelles par la junte s’élèverait quant à lui à près de 3 900 morts.
Le Monde – 19 octobre 2022
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