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Birmanie : la génération Z en première ligne contre la dictature militaire

Depuis le coup d’État militaire, il y a deux ans en Birmanie, la population tout entière s’est mobilisée pour s’opposer à l’oppression militaire. Aux avant-postes de cette lutte : la génération Z, ces jeunes ultra-connectés ont pris part aux manifestations et au mouvement de désobéissance civile.

Ils agissent aujourd’hui dans l’ombre, pour retrouver leur liberté. Kristen, résiliente et déterminée, est l’un des visages de cette jeunesse révolutionnaire.

« Ce coup d’État a bouleversé ma vie. Du jour au lendemain, mon avenir s’est assombri. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’engager dans la révolution. » Kristen a 27 ans. Cette jeune ingénieure est issue de la Génération Z, ces moins de 30 ans, nés avec la révolution numérique se sont investis corps et âme, il y a deux ans, pour reconquérir leur liberté. Kristen est devenue un maillon indispensable du mouvement révolutionnaire. Malgré la contestation muselée avec une incroyable brutalité, les jeunes continuent de s’engager dans la clandestinité.

« Dès le 6 février 2021, j’ai commencé à manifester en prenant la tête d’un groupe de grévistes, raconte Kristen. Mais lorsque la junte a durement réprimé les manifestants, on a vite compris que les militaires n’allaient pas s’arrêter là et qu’il fallait s’organiser autrement. Avec deux camarades, nous avons créé un réseau d’information de la société civile. Le CIN collecte et diffuse les informations sur les mouvements de l’armée. »

Leur travail consiste à contrôler, répertorier, signaler tout mouvement et activité de l’armée birmane. Ces informations sont compilées puis distribuées aux guérillas ethniques et au ministère de la Défense du gouvernement d’unité nationale en exil. Ce rapport permet entre autres de réévaluer la stratégie révolutionnaire et de collecter les preuves des crimes de guerre commis par la junte. Kristen participe à une multitude d’autres groupes et organismes qui coordonnent les actions anti-junte dans une quarantaine de villes partout dans le pays.

« Min Aung Hlaing gouverne uniquement pour son intérêt personnel »

Que pense la militante du chef de la junte et du gouvernement Parallèle d’Unité Nationale (NUG), composés d’anciens élus renversés par la junte ? « Min Aung Hlaing gouverne uniquement pour son intérêt personnel et celui de sa famille. Il se fiche de la population, explique Kristen. Il tue, il réprime, arrête les gens, brûle des villages pour son propre intérêt, il n’a aucune compétence pour gouverner. Concernant le gouvernement d’unité nationale, je trouve qu’il est trop lent pour un groupe qui dirige un mouvement révolutionnaire. Mais nous n’avons pas le choix et je suis convaincue qu’ils font de leur mieux pour diriger le pays et ne plus être un gouvernement fantôme. Ce gouvernement à notre plein soutien, car nous poursuivons le même objectif. Nous devons mener ce combat ensemble main dans la main. »

Mais ce combat exige de nombreux sacrifices… « Cela fait deux ans que j’ai quitté mon domicile, c’était juste après l’arrestation de mes camarades. Depuis, je passe mon temps à fuir et à vivre dans la clandestinité. Je donne tout mon temps et ma vie entière à cette révolution, et c’est pour garder ma dignité, déclare la militante. Ces deux dernières années, de millions de personnes ont perdu leurs droits fondamentaux, se sont retrouvées sans toit, sans soins, sans éducation. Les militaires vendent tout : les ressources naturelles, le gaz, le pétrole, les pierres précieuses et même l’Irrawaddy que la Chine veut racheter pour y construire un barrage. La Thaïlande rachète aussi à la junte nos ressources naturelles, du pétrole notamment. Et ils font ça pour leur propre profit. »

Dans cette révolution, Kristen s’est fait de nouveaux amis, des camarades, des compagnons le lutte, car ses amis d’enfance et de l’université, en tout cas la plupart d’entre eux, ont choisi l’exil. Kristen, elle, a décidé de rester pour combattre ce régime tyrannique et autoritaire qui a brisé net tous ses rêves. « Je dois tenir et continuer à me battre. Je construis l’avenir de notre pays et c’est la seule chose qui me fait aller de l’avant. »

Par Jelen Tomic – Radio France Internationale – 5 février 2023

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