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Birmanie : tollé international après une frappe meurtrière de la junte au pouvoir sur un village

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Des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, selon des témoins, ont été tuées mardi lors d’une attaque aérienne dans le centre du pays. Selon le porte-parole de la junte, certains des morts étaient des combattants opposés au coup d’Etat, mais aussi des civils tués par des mines au sol.

La junte militaire en Birmanie a confirmé avoir mené une frappe aérienne qui a fait, mardi 11 avril, des dizaines de morts dans un village du centre du pays. L’attaque a été immédiatement condamnée par la communauté internationale.

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit « horrifié », et l’organisation mondiale a demandé que les responsables soient traduits en justice. « Il semble que des enfants qui dansaient, ainsi que d’autres civils, lors de la cérémonie d’ouverture d’un centre du village de Pazi Gyi, dans le district de Kanbalu, fassent partie des victimes », a déclaré M. Türk dans un communiqué.

Au moins cinquante morts et des dizaines de blessés ont été signalés par BBC Burmese, The Irrawaddy et Radio Free Asia, mais le bilan pourrait s’élever à cent morts selon un secouriste d’un groupe rebelle armé contacté par l’Agence France-Presse (AFP), qui a évoqué la présence de femmes et d’enfants parmi les victimes. Des témoins contactés par l’AFP ont également fait état d’une centaine de morts. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux (dont l’AFP n’a pas pu confirmer l’authenticité) montrent des corps éparpillés dans des maisons en ruines.

« Il y avait une cérémonie d’ouverture d’un bureau de la Force de défense du peuple (PDF) [… mardi] matin vers 8 heures dans le village de Pazi Gyi. Nous avons attaqué cet endroit », a confirmé le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun. Selon lui, certains morts étaient des combattants en uniforme défavorables au coup d’Etat, et il a reconnu « qu’il pourrait y avoir des personnes portant des vêtements civils », mais sans donner de bilan. « D’après les informations que nous avons obtenues sur le terrain, les personnes tuées ne l’ont pas été uniquement à cause de notre attaque. Il y avait des mines enfouies par les PDF autour de cette zone », a-t-il déclaré.

« Mépris »

Washington s’est dit « profondément préoccupé » par ces attaques, qui « soulignent une fois de plus le mépris du régime pour la vie humaine et sa responsabilité dans la terrible crise politique et humanitaire qui sévit en Birmanie depuis le coup d’Etat de février 2021 », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat, Vedant Patel. « Les Etats-Unis appellent le régime birman à cesser ces violences atroces, à permettre un accès humanitaire sans entrave et à respecter les véritables aspirations démocratiques et inclusives du peuple birman », a-t-il ajouté.

M. Türk a accusé l’armée birmane d’avoir une fois de plus ignoré « les obligations juridiques claires (…) de protéger les civils dans la conduite des hostilités » et d’avoir fait preuve d’un « mépris flagrant pour les règles du droit international qui s’y rapportent ».

Dans un tweet, le ministère allemand des affaires étrangères a également condamné mardi soir « le raid aérien de l’armée birmane qui a tué des dizaines de civils, dont des enfants ». « Nous exigeons que le régime cesse toute violence contre la population immédiatement », a ajouté le texte.

Le gouvernement d’unité nationale (NUG), un organe fondé par d’anciens députés – pour beaucoup en exil – du parti d’Aung San Suu Kyi et qui fédère un parti de l’opposition à la junte, a dénoncé un « nouvel exemple de l’usage aveugle de la force extrême contre des civils innocents ».

Un pays déchiré depuis le coup d’Etat

La région de Sagaing, proche de Mandalay, la deuxième ville du pays, oppose une farouche résistance à la junte, et d’intenses combats s’y déroulent depuis des mois. Le haut-commissaire de l’ONU a estimé qu’il y avait « des motifs raisonnables de croire que l’armée et les milices qui lui sont affiliées sont responsables d’un large éventail de violations des droits humains et d’abus depuis le 1er février 2021 ».

La Birmanie est déchirée par un violent conflit entre la junte et ses opposants depuis le coup d’Etat survenu à cette date. L’armée birmane mise sur son avantage aérien, grâce à ses jets fabriqués en Russie et en Chine, pour compenser ses difficultés sur le terrain face à des groupes rebelles qui contrôlent des parties du pays. Les Nations unies ont compté plus de trois cents frappes aériennes en 2022, ainsi que plusieurs incidents comprenant des victimes civiles.

Le Monde avec Agence France Presse – 12 avril 2023

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