En Birmanie, le combat des Chin contre la junte militaire

Dans l’Ouest birman, les Chin, une ethnie à majorité chrétienne, combattent la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État. Une lutte sous forme de guérilla, qui leur permet de résister face à un adversaire utilisant la terreur pour imposer son autorité.

Avec ses reliefs sinueux et ses épaisses forêts, l’État de Chin est un véritable bourbier. L’armée birmane, la Tatmadaw, s’en est vite rendu compte. Plus de deux ans après avoir fait chuter le gouvernement d’Aung San Suu Kyi lors d’un coup d’État, le 1er février 2021, les militaires au pouvoir tentent toujours de mettre au pas cette région, l’un des principaux foyers de révoltes. Sans succès.

Face à eux, les Chin. Une minorité ethnique chrétienne (d’obédience protestante pour la plupart de ses membres) longtemps persécutée et isolée dans cet État de l’ouest, le plus pauvre du pays. Souvent munis de simples fusils de chasse locaux, ils harcèlent inlassablement la junte, dont ils rejettent l’autorité, en tendant des embuscades. Viols, meurtres, tortures, églises brûlées: la Tatmadaw, elle, redouble de brutalité pour parvenir à ses fins. Des exactions commises en toute impunité qui n’ont fait qu’attiser la rébellion Chin.

Avec le soutien massif des populations locales, les Chin s’organisent. Sa jeunesse afflue, la haine au ventre, dans les camps d’entraînement cachés. Des villages entiers sont libérés du joug birman. Les groupes rebelles tiennent tête à l’armée dans d’importantes villes, comme Thantlang, où les combats sont quotidiens. “Si vous voulez le Chinland (la terre des Chin) il faudra d’abord nous affronter”, lit on gravé sur un des murs.

Cette résistance fragile, à l’instar de celle de nombreux autres États ethniques du pays, s’effectue au prix du sang. Au prix des larmes, aussi. Celles des réfugiés contraints de fuir les combats et leur lot de drames pour se réfugier dans le pays voisin, l’Inde, frontalier de l’État Chin.

Par Robin Tutenges – Le Pélerin – 14 avril 2023