Le cyclone Mocha s’intensifie en catégorie maximale avant de frapper la Birmanie et le Bangladesh ce dimanche
La tempête emmène dans son sillage des déluges de pluie et des rafales de vent dépassant les 250 km/h. Elle doit s’abattre à partir de ce dimanche 14 mai à 8 h 30 sur une zone où des camps sommaires abritent près d’un million de réfugiés rohingyas.
Le pire est à craindre Le cyclone Mocha s’est intensifié à la puissance maximale ce dimanche 13 mai à l’approche des côtes du Bangladesh et de la Birmanie, dans le golfe du Bengale d’où des centaines de milliers de personnes ont été évacuées.
Le cyclone s’accompagne de vents soufflant jusqu’à 259 km/h, ce qui équivaut à un ouragan de catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, a noté ce dimanche le Centre américain d’alertes aux typhons. Il devrait provoquer une onde de marée allant jusqu’à 4 mètres.
Mocha menace les camps précaires où s’entassent près d’un million de réfugiés musulmans rohingyas, et provoque partout sur sa trajectoire une course contre la montre pour fuir.
Selon le bureau météorologique indien, Mocha devrait légèrement faiblir avant de toucher terre dimanche à 6 h 30 GMT (8 h 30 heure de Paris) entre Cox’s Bazar au Bangladesh, et Sittwe, ville de 150 000 habitants en Birmanie. «Il est probable qu’il se déplace en direction du nord-nord-est et qu’il finisse de traverser les côtes de Cox’s Bazar et du nord de la Birmanie près de Sittwe dans l’après-midi d’aujourd’hui (dimanche)», a déclaré le département dans un bulletin spécial.
«Urgence majeure»
Samedi, les habitants de Sittwe se sont entassés avec leurs biens et leurs animaux domestiques dans des voitures, des camions et des tuk-tuks pour se diriger vers des lieux plus en altitude. Mais La Croix-Rouge birmane a affirmé dans un communiqué qu’elle se «préparait à réagir à une urgence majeure».
Au Bangladesh, 190 000 personnes ont été évacuées de Cox’s Bazar et près de 100 000 de la ville proche de Chittagong, selon les autorités. «Elles ont été emmenées dans près de 4 000 abris anti-cyclone», a précisé le commissaire divisionnaire Aminur Rahman samedi soir.
Des réfugiés rohingyas ont été emmenés des «zones à risque» vers des centres communautaires, tandis que des milliers de personnes ont fui l’île touristique de Saint-Martin, située sur la trajectoire de Mocha.
«Le cyclone Mocha est la tempête la plus puissante depuis le cyclone Sidr», a souligné Azizur Rahman, directeur du service météorologique du Bangladesh. En novembre 2007, Sidr avait ravagé le sud-ouest du Bangladesh, faisant plus de 3 000 morts et plusieurs milliards de dollars de dégâts.
Déluge de pluie et glissements de terrain
Les autorités bangladaises ont interdit aux Rohingyas de construire des maisons permanentes en béton, craignant que cela ne les incite à s’installer définitivement plutôt qu’à retourner en Birmanie, qu’ils ont fuie en 2017.
Les prévisionnistes s’attendent à ce que le cyclone apporte un déluge de pluie qui pourrait provoquer des glissements de terrain. La plupart des camps sont construits à flanc de colline et les éboulements sont fréquents dans la région. «Tous les Rohingyas des camps sont en danger», a prévenu le commissaire adjoint aux Réfugiés du Bangladesh, Shamsud Douza.
A l’intérieur de la Birmanie, les Rohingyas vivant dans des camps de déplacés se préparent également. «Nous sommes très inquiets. Nous pouvons être en danger si le niveau de l’eau augmente», a déclaré un responsable de camp près de Kyaukphyu, dans l’Etat de Rakhine. «Il y a environ 1 000 personnes dans le camp… Les autorités ne nous ont donné que des sacs de riz, de l’huile et cinq gilets de sauvetage», a-t-il dit en demandant à ne pas être nommé de crainte de répercussions de la junte. «Les autorités locales n’ont pas prévu d’endroit pour nous», a-t-il encore déploré.
Les cyclones, parfois appelés ouragans dans l’Atlantique et typhons dans le Pacifique, sont une menace régulière sur les côtes du nord de l’océan Indien, où vivent des dizaines de millions de personnes.
Sur Twitter, le climatologue et directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou a fait le lien entre la puissance de Mocha et le changement climatique : «Après des chaleurs extrêmes le mois dernier dépassant les seuils de létalité, le Bangladesh et la Birmanie vont être touchés par Mocha. L’influence humaine accentue les risques cycloniques par des pluies plus intenses, des submersions marines plus marquées et une plus forte vulnérabilité des populations».
Libération avec Agence France Presse – 14 mai 2023
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