Au Cambodge, les députés approuvent une nouvelle loi électorale menaçant les opposants exilés
Le premier ministre, Hun Sen, au pouvoir depuis trente-huit ans, est accusé par les groupes de défense des droits humains d’utiliser la loi pour bâillonner toute voix critique et ainsi verrouiller les prochaines élections.
Les députés cambodgiens ont entériné, vendredi 23 juin, une réforme du code électoral visant à exclure des prochains scrutins les adversaires en exil du premier ministre, Hun Sen, à un mois des élections législatives.
Toute personne qui a omis de voter « sans justification appropriée » ne pourra se présenter comme candidate lors de « quatre élections successives », a expliqué le ministre de l’intérieur, Sar Kheng. La réforme est jugée nécessaire pour « protéger les procédures électorales des stratagèmes politiques visant à les détruire », a insisté le responsable devant la Chambre basse, dans la capitale, Phnom Penh.
Cette disposition cible notamment les opposants en exil qui ont fui le Cambodge pour échapper à des poursuites judiciaires qu’ils jugent motivées politiquement.
Hun Sen avait assuré le 13 juin que la réforme était devenue indispensable, en réponse aux militants qui ont appelé à boycotter le vote.
Le petit royaume pauvre d’Asie du Sud-Est n’organise pas de vote à l’étranger.
Un scrutin sans réelle opposition
Hun Sen, au pouvoir depuis trente-huit ans, est accusé par les groupes de défense des droits humains d’utiliser la loi pour bâillonner toute voix critique et ainsi verrouiller les prochaines élections.
Sa formation, le Parti du peuple cambodgien (PPC), qui contrôle déjà les 125 sièges de l’Assemblée nationale, aborde le scrutin du 23 juillet sans réelle opposition. A la mi-mai, la commission électorale a refusé d’enregistrer le principal mouvement contestataire, le Parti de la bougie, en raison d’un dossier incomplet.
Le principal opposant politique, Kem Sokha, a été condamné au début de mars à vingt-sept ans de prison pour trahison. Le politicien, assigné à résidence, a fait appel. Une autre figure, Sam Rainsy, vit en exil en France depuis 2015 pour éviter la prison en raison d’un certain nombre de condamnations, qui, selon lui, sont motivées par des considérations politiques.
Hun Sen, âgé de 70 ans et aux méthodes jugées autoritaires, postule pour un nouveau mandat. Il a désigné son fils, le général quatre étoiles Hun Manet (45 ans), pour lui succéder.
Agence France Presse – 23 juin 2023
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