Rohingyas de Birmanie : six ans de répression, de massacres et d’exode
Le 25 août 2017, l’armée birmane lançait dans l’État de Rakhine une campagne de répression sanglante – massacres, viols, incendies criminels… – contre la minorité musulmane des Rohingyas, forçant à l’exil au Bangladesh voisin près de 750 000 personnes.
L’opération avait débuté après l’attaque de trois postes-frontières par un groupe armé, l’Arsa, qualifié de terroriste par le gouvernement birman. Six ans plus tard, les Rohingyas sont toujours privés de justice et de liberté.
À ce jour, près d’un million de réfugiés rohingyas s’entassent dans des camps tentaculaires et insalubres dans le sud du Bangladesh. Le camp de Kutupalong est considéré par les Nations unies comme le plus grand et le plus densément peuplé au monde. Le paysage : des bidonvilles à perte de vue, une prison à ciel ouvert et où les conditions de vie ne cessent de se dégrader.
Confronté à des déficits de financement, le Programme alimentaire mondial a dû réduire les rations alimentaires, passant de 12 à 10 puis à 8 dollars, soit 27 centimes de dollar américain par jour, limitant drastiquement la nourriture de base et l’eau potable. Quant au processus de rapatriement, il est au point mort, en raison du manque de réelle volonté de Naypyidaw et de la guerre civile qui fait rage dans le pays.
On estime à 600 000 le nombre de Rohingyas qui sont restés en Birmanie. La minorité apatride continue d’être discriminée et privée de ses droits élémentaires. Du côté de la justice, la procédure suit son cours et s’annonce longue. Il y a plus d’un an, la Cour internationale de justice s’était déclarée compétente pour juger une accusation de génocide contre la Birmanie.
Nous devons travailler avec la communauté internationale et le gouvernement du Bangladesh pour lever certaines des restrictions qui permettraient aux réfugiés de gagner raisonnablement leur vie et de subvenir à leurs besoins.
Radio France Internationale – 25 août 2023
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