Coupe du monde : un Toulousain tente de propager la fièvre du rugby jusqu’au Cambodge
Installé depuis quatre ans à Phnom Penh, la capitale du royaume khmer, en bon Toulousain qu’il est, nourri au confit de canard et à l’ovalie, Luc Guillot a rapidement intégré le club local de rugby où il est désormais trésorier.
Alors que le Japon affronte les Samoa ce soir au Stadium de Toulouse, le Français compte sur l’effet Coupe du monde pour développer encore davantage le jeu à XV en Asie du Sud-Est. Main dans la main avec une ONG dirigée par un autre Français, il donne aussi à son action un aspect humanitaire en faveur des enfants des rues. Portrait.
Ne cherchez pas, il n’existe aujourd’hui au Cambodge qu’une seule vraie équipe de rugby, le « Phnom Penh Social Club Rugby », qu’on appelle aussi les « Rahus », essentiellement composée d’expatriés. Le premier club du royaume, baptisé « les Piliers d’Angkor », avait été créé dans les années quatre-vingt-dix par des expatriés français avant de disparaître un peu plus tard. Les « Rahus » d’aujourd’hui sont « beaucoup plus internationaux, avec des Français mais pas seulement et des moyens pour subventionner les terrains sur lesquels on joue », témoigne Luc Guillot, désormais trésorier du club. Ce sont des passionnés qui jouent au rugby sur leur temps libre. « On organise à la fois des entraînements et des tournois internationaux dans toute la région », ajoute ce Toulousain.
Le club compte aussi parmi ses joueurs des Cambodgiens, notamment les formateurs d’une ONG de Phnom Penh, « Kampuchea Ballop », (traduction : ballon au Cambodge) dont l’objet est d’aider les jeunes des rues à s’en sortir grâce aux valeurs du rugby et à des entraînements gratuits proposés plusieurs fois par semaine par l’association. « On essaie de se soutenir mutuellement pour maintenir le plus possible une activité rugby ici, explique Luc Guillot, avec des enjeux différents. Eux, c’est l’humanitaire ; nous c’est le développement du jeu. » Les « Rahus » ont ainsi organisé avec l’ONG une journée rugby avec plus de deux cents enfants présents et pendant laquelle certains joueurs se sont essayé au métier de coach.
Ingénieur diplômé de l’école Supaéro, à bientôt 29 ans, Luc Guillot vit depuis près de cinq ans au Cambodge, qu’il a découvert au cours d’un stage avant de revenir s’y installer comme employé pour un distributeur de vins et spiritueux français.
« À Toulouse, le rugby faisait partie du style de vie. J’ai toujours suivi les matches mais je me suis mis à jouer vraiment sur le tard, pendant mes études d’ingénieurs. À l’Isae Supaero, on avait des coachs, des terrains et des tournois universitaires, c’était le rêve ! Je me souviens que l’équipe s’appelait le « XV des Peintres ». Tout le monde voulait essayer. », se remémore-t-il.
L’effet Coupe du monde
Une passion et une culture que le jeune Français tente d’installer sur sa terre d’adoption. Mais à Phnom Penh, pas de gigantesque « fan zone » pour le rugby le long du fleuve Mékong. On peut toutefois assister à la retransmission des matches « dans certains bars qui ont leur aficionados, explique le Français. Mais ce sont les bars sportifs qui sont les plus fréquentés par une communauté d’expatriés sud-africains et britanniques. Il faut dire que les cinq heures de décalage horaire avec la France ne sont pas très pratiques ! Cela devrait être plus suivi à partir des phases finales. »
Signe du lien évident qui unit l’Occitanie et l’ovalie, le jour du premier match de la Coupe du monde entre la France et la Nouvelle-Zélande, l’Institut français de Phnom Penh est exceptionnellement resté ouvert une bonne partie de la nuit, avec, pour régaler les couche-tard, un délicieux cassoulet du Sud-Ouest.
Quant au club de Luc, pour recruter de nouveaux adhérents, les « Rahus » se sont tournés vers le touch rugby, un jeu à l’australienne, moins violent avec moins de risques de blessures. « Avec l’effet Coupe du monde, à l’entraînement, on constate que davantage de personnes venaient s’essayer au rugby, notamment au Touch qui permet de regrouper toutes les catégories d’âges et de sexes », reconnaît Luc Guillot. En 2024, le club pourrait ainsi retrouver une équipe féminine.
Les « Rahus » comptent aujourd’hui une quarantaine de membres actifs. En plus des cotisations de ses adhérents, le club peut compter sur quelques sponsors pour financer ses projets comme une marque de bière locale, un importateur de viande, une compagnie de microfinance ou encore le bureau d’audit local de KPMG.
Par Emmanuel Langlois – Toulouse.latribune.fr – 28 septembre 2023
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