Thaïlande : le Premier ministre lance un comité pour amender la Constitution des généraux
La Thaïlande s’est dotée, mardi 3 octobre, d’un comité pour plancher sur une révision de la Constitution écrite par les généraux, une promesse du nouveau Premier ministre Srettha Thavisin durant la campagne, mais le gouvernement a exclu tout changement sur le statut du roi.
Réformer la Constitution de 2017 écrite par la junte de l’époque, à la suite du coup d’État de 2014, est l’une des principales revendications du camp pro-démocratie, qui dénonce un manque de transparence jugé favorable à la monarchie et à l’armée. Mais pas question de toucher au statut du roi. « Nous n’allons pas changer les titres I et II, notamment liés aux prérogatives du roi », a indiqué le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai.
Le comité comprend 35 membres, dont des représentants de la coalition au pouvoir et de l’opposition, des universitaires, et un activiste politique anti-coup, a-t-il précisé. « Nous avons trois ou quatre mois, au moins jusqu’au Nouvel an, pour avoir une conclusion sur le référendum », nécessaire pour entériner un changement, a-t-il indiqué. Amender la Constitution pourrait prendre plus de trois ans, selon lui. La Thaïlande a connu une vingtaine de Constitutions depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
Promesses non tenues
La formation de Srettha Thavisin, Pheu Thai, a fait campagne au printemps en s’engageant pour des institutions plus justes, mais le puissant parti est revenu sur certaines de ses promesses depuis qu’il a accédé au pouvoir, comme celle de ne pas s’allier avec des mouvements pro-armée. Pheu Thai a accepté de former une coalition majoritaire avec des partis favorables à l’armée, bien que ces derniers aient perdu les législatives, en échange d’une certaine clémence vis-à-vis de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, de retour en août après quinze ans d’exil, selon des analystes.
Ce montage maintient dans l’opposition Move Forward, vainqueur des législatives. Le chef de Move Forward, Pita Limjaroenrat, n’a pas pu devenir Premier ministre, en raison de la résistance des élites conservatrices qui jugent son programme de réformes trop radical. Le point de non-retour a été atteint avec sa proposition de supprimer la loi de lèse-majesté, qui condamne jusqu’à quinze ans de prison toute insulte envers le roi et sa famille. Srettha Thavisin s’est engagé à ne pas toucher la loi de lèse-majesté.
Radio France Internationale avec Agence France Presse – 3 octobre 2023
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