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Birmanie : l’ado rebelle qui construit des drones pour les guérilleros en lutte contre la junte

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À l’est de la Birmanie, un jeune ingénieur utilise la technologie 3D pour équiper en armes les combattants qui luttent contre l’armée loyaliste. Depuis le coup d’État orchestré en février 2021, la junte militaire mène une répression féroce dans l’ancienne colonie britannique.

3D. Son nom de guerre ne peut pas être plus équivoque. À l’est de la Birmanie, dans la touffeur de la jungle, près de la frontière thaïlandaise, un jeune ingénieur soutient les groupes rebelles engagés contre la junte militaire. Depuis le coup d’État perpétré par l’armée, en février 2021, il conçoit des armes grâce à la technologie 3D. “Nous avons besoin d’armes, et nous en avons besoin rapidement”, a-t-il martelé au magazine Wired.

Il est l’un des visages de la guerre et des fractures du pays asiatique. Déjà traversée par de violents conflits civils depuis son indépendance, en 1948, la Birmanie (ex-république de Myanmyar), est de nouveau ensanglantée.

Une junte et 250 groupes rebelles

Il y a plus de deux ans, l’armée reprenait le pouvoir aux mains de Aung San Suu Kyi, pourtant élue démocratiquement. Cheffe du gouvernement entre 2016 et 2021, la présidente de la Ligue nationale de la démocratie (LND), critiquée par la communauté internationale pour son rôle dans le drame des Rohingyas, une minorité musulmane, était arrêtée.

Malgré les manifestations de milliers de personnes, les militaires ont choisi la répression, tuant 1 500 personnes selon l’ONU. Un “état d’urgence militaire” est toujours en vigueur, conduisant de nombreux opposants à prendre les armes pour lutter contre la junte. Au total, 250 groupes rebelles, représentant une mosaïque ethnique, figurent en Birmanie, et notamment dans les épaisses forêts situées à l’est du pays.

La montée en puissance des drones

3D a, lui, rejoint les Forces de défense des nationalités karenni (KNDF). Depuis le départ des Britanniques, après la Seconde Guerre mondiale, cette milice revendique le droit à l’autodétermination. Aux côtés de combattants plus aguerris, le jeune ingénieur a trouvé sa place. Grâce à une imprimante 3D, il conçoit de nombreuses armes, dont des drones.

Très en vogue sur les théâtres de combat, cet engin allie plusieurs avantages. Peu coûteux, souple et facile à concevoir, il est une alternative à l’armement classique, qui nécessite une lourde chaîne d’approvisionnement. Ce n’est pas un hasard si l’armée ukrainienne a fortement augmenté ses ressources en drones depuis plus d’un an, afin de repousser l’invasion russe.

Dans le cas des rebelles karenni, l’appui d’une jeune génération avide de technologies s’avère extrêmement utile. Sur Internet, les jeunes recrues sont à l’affût de nouveaux designs, et s’abreuvent de connaissances sur la manière de concevoir des drones. Et l’efficacité peut s’affranchir des convictions.

David contre Goliath

Au début de la guerre, les Ukrainiens avaient traduit des manuels rédigés par l’État islamique sur les drones. “Aucune technologie n’est neutre, a expliqué à Wired le professeur de science politique, Yannick Veilleux-Lepage. Chaque technologie (…) peut être utilisée de différentes manières, par des personnes ayant des idéologies différentes.”

Les guérilleros sont animés d’un seul objectif : combler le fossé abyssal avec les moyens de l’armée loyaliste. Ces crédits ne cessent de s’accroître. Selon un rapport des Nations unies, relayé par Libération, la junte a employé un milliard de dollars pour consolider son armement et ses technologies. La puissance militaire birmane est, de surcroît, alimentée par la Russie et la Chine, deux soutiens de poids dans sa répression.

Par Antoine Grotteria – Géo Magazine avec 6medias – 5 octobre 2023

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