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Rendre l’avortement plus sûr en Thaïlande

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La Thaïlande a légalisé l’avortement jusqu’à la 20ᵉ semaine de grossesse en 2021, mais il y a un manque d’information et de prise en charge.

Un article de la doctoresse Kalyapat Rachitroj, membre du Parlement thaïlandais et du parti Move Forward (MFP).

L’avortement médicalisé est un service de santé de base et un facteur important permettant à la Thaïlande d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.

La cible 3.1 de l’objectif 3 (garantir une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tout âge) appelle à une réduction de deux tiers de la mortalité maternelle, dont l’avortement pratiqué dans de mauvaises conditions de sécurité est l’une des principales causes, d’ici à 2030.

Cet objectif relève directement du mandat du ministère de la Santé publique (MOPH).

Bien que la Thaïlande ait légalisé l’avortement jusqu’à la 20ᵉ semaine de grossesse en 2021, les femmes sont toujours confrontées à un déficit d’information, à la stigmatisation sociale et au manque d’accès à des services d’avortement sûrs.

À l’occasion de la Journée internationale de l’avortement sans risque qui s’est tenue la semaine dernière, j’aimerais m’exprimer en tant que femme et membre du Parlement.

Lors de la consultation avec TamTang, un groupe de défense de l’avortement sans risque, j’ai appris que la plupart des gens ne savent pas que l’Office national de la sécurité sanitaire (NHSO) a fourni une subvention à l’avortement pour chaque citoyen thaïlandais depuis 2016, ou que l’avortement est maintenant légal.

Celles qui sont informées se heurtent à la stigmatisation, à la honte et à la discrimination dont elles font l’objet en raison de leur grossesse, en faisant souvent allusion à la promiscuité.

Cela se produit souvent dans les établissements de santé publics, ce qui conduit parfois les femmes à se voir refuser les services d’avortement ou à être transférées dans des établissements qui sont prêts à fournir ces services.

Cette discrimination est imputable au fait que certains professionnels de la santé publique, de haut en bas de l’échelle, lorsqu’ils décident de fournir ou non des services d’avortement, fondent subjectivement leur jugement sur des croyances religieuses et des préjugés personnels plutôt que sur l’éthique professionnelle et les faits scientifiques.

Deuxièmement, les établissements de santé publique qui fournissent des services d’avortement sûrs sont insuffisants.

Entre 2021 et 2023, il n’y a eu qu’une maigre augmentation, presque négligeable, du nombre d’établissements qui fournissent ce service.

Dans certaines provinces, la plupart sont des cliniques ou des hôpitaux privés qui ne font pas partie du NHSO, ce qui exclut l’accès à la subvention pour l’avortement.

À Bangkok, par exemple, aucun établissement de santé enregistré auprès de la NHSO ne propose de services d’avortement.

C’est une tragédie, car, selon les statistiques de la ligne téléphonique 1663 du MOPH, c’est à Bangkok que la demande d’accès à des services d’avortement est la plus forte du pays.

Ces facteurs ont des répercussions négatives sur la santé génésique des femmes.

Plus elles doivent passer de temps à trouver des informations ou des établissements de soins pour bénéficier des services, plus leur grossesse est avancée, ce qui peut accroître les complications médicales.

En outre, des coûts supplémentaires peuvent s’appliquer, car certaines doivent se rendre dans des provinces éloignées de leur lieu de travail ou de leur ville natale pour avoir accès à des services d’avortement.

Voici les mesures que l’administration actuelle pourrait prendre pour remédier à cette situation.

Institutionnaliser les services d’avortement médicalisé dans le système de santé publique du pays par l’intermédiaire du Collège royal des obstétriciens et gynécologues, qui peut fixer des seuils professionnels conformes aux normes internationales pour la prestation de ces services.

Il convient de noter que les gynécologues ne doivent pas être les seuls à fournir ces services.

Les infirmières et les médecins généralistes devraient être autorisés à intervenir et à effectuer cette tâche afin d’alléger la charge de travail.

Émettre des avis circulaires par l’intermédiaire des institutions de santé publique qui sont sous la supervision du MOPH.

Il s’agit de faire appliquer les derniers amendements au code pénal, qui légalisent l’avortement, et d’informer les professionnels de la santé que le refus de pratiquer un avortement sans risque sur la base d’un jugement personnel ne correspondant pas aux normes professionnelles peut être considéré comme un manquement au devoir.

Enfin et surtout, promouvoir l’avortement sécurisé par l’utilisation de la télémédecine jusqu’à la 12e semaine de grossesse.

Cela permettra d’économiser des coûts et de réduire le temps de déplacement des femmes pour accéder aux services, étant donné qu’elles peuvent recevoir les médicaments par le biais du service postal ou dans les établissements de soins de santé du sous-district.

Garantir l’accès des femmes à un avortement sûr et légal n’améliorera pas seulement leur santé génésique.

Il s’agit également d’un renforcement de l’égalité des sexes, de l’autonomie des femmes et de leur capacité à prendre des décisions indépendantes et informées sur leur sexualité et leur reproduction.

Par Kalyapat RachitrojToutelathailande.fr avec The Bangkok Post – 6 octobre 2023

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