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La Thaïlande au coeur du conflit malgré elle

Depuis le lancement de ses attaques samedi, le Hamas a tué vingt ressortissants thaïlandais et en a capturé quatorze. Tous étaient employés dans des fermes israéliennes dans le cadre d’un accord bilatéral de transfert de main-d’oeuvre. Au total, 30.000 Thaïlandais travaillent en Israël.

Depuis ce week-end, la soeur de Srettha Homsorn enchaîne les interviews avec les médias thaïlandais pour appeler les autorités de Bangkok à négocier le retour de son frère qui a été capturé samedi par le Hamas, dans une ferme israélienne proche de la frontière avec Gaza. « Un de ses collègues a été exécuté par les hommes du Hamas lorsqu’il a tenté de s’échapper. Mon frère s’est rendu pour ne pas être tué », a confié Natenapha Homsorn, sur Thairath TV.

Selon les autorités thaïes, le Hamas aurait tué, depuis samedi, 20 ressortissants thaïlandais et en aurait capturé 14 , dans un bilan qui fait du pays l’un des plus touchés par l’attaque du groupe terroriste.

Des milliers de Thaïs près de Gaza

Depuis la signature, en 2012, d’un accord bilatéral de placement de travailleurs entre Bangkok et Jérusalem, la Thaïlande est devenue l’un des principaux fournisseurs de main-d’oeuvre étrangère pour les exploitations agricoles israéliennes. Près de 30.000 travailleurs thaïlandais sont ainsi recensés partout dans le pays. Bangkok estime qu’environ 5.000 étaient employés dans des kibboutz proches de Gaza.

Selon les termes de l’accord, ces employés – essentiellement des jeunes hommes – sont autorisés à rester en Israël pour une durée maximum de cinq ans et trois mois mais doivent renouveler leur visa tous les ans.

Souvent issus des provinces rurales les plus pauvres du royaume, notamment de la région de l’Isan au nord-est, ils peuvent espérer gagner, en théorie, un salaire minimum mensuel de 5.300 shekels (1.200 euros), deux fois supérieur au revenu d’un ouvrier à Bangkok. Ces dernières années, plusieurs ONG israéliennes ont toutefois expliqué que ces travailleurs ne recevaient pas le salaire minimum promis ou enchaînaient, sans être rémunérés et dans des conditions pénibles, les heures supplémentaires.

Un exécutif déconcerté

Déconcerté par la soudaineté de la crise, le nouveau Premier ministre thaïlandais Srethha Thavisin a promis de tout faire pour obtenir la libération des otages mais son gouvernement ne dispose pas de relais diplomatiques forts au Moyen Orient, susceptibles de mener des tractations délicates avec le Hamas. « La Thaïlande est un pays ami et entretient de bonnes relations avec toutes les parties. Nous souhaitons que les violences cessent et que la situation revienne rapidement à la normale », a avancé Srettha Thavisin.

Par Yann Rousseau – Les Echos – 11 octobre 2023

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