Au Vietnam, le gouvernement renforce la répression contre les militants écologistes
Au Vietnam, la célèbre militante écologiste Hoang Thi Minh Hong a été condamnée à une peine de trois ans de prison. Le motif invoqué par le gouvernement : l’évasion fiscale… Difficile à croire : depuis 2021, les arrestations des défenseurs de l’environnement se sont multipliées dans le pays
Pourtant, le Vietnam est considéré comme étant à la pointe dans la lutte contre le changement climatique… Comment donc expliquer une telle répression ?
Qui est la militante Wang Timing Hong ?
La militante écologiste Wang Timing Hong fait partie des nombreux militants arrêtés depuis la vague de répression en 2021. Marie Gibert-Flutre explique que l’arrestation de la militante représente un changement, dans la mesure où avant 2021 les militants individuels étaient poursuivis pour leurs actes, tandis que désormais les experts aussi sont poursuivis pour leur prise de position : « on avait eu Deng Ding-Bak dès 2021, qui lui était avocat spécialiste de la question environnementale et qui a été emprisonné pour 5 ans de prison au même motif d’évasion fiscale. Puis une directrice de la plus grosse ONG au Vietnam sur les questions environnementales. Ils sont qualifiés comme militants mais ce sont des experts et des personnalités reconnues, qui parfois même ont travaillé avec le gouvernement avant de rejoindre la société civile ».
Cette répression s’élargit à d’autres secteurs et touche notamment la presse. La géographe rappelle que des journalistes sont parfois condamnés à des peines très lourdes en cas de non alignement sur la ligne politique du parti communiste vietnamien. Lors de son rapport annuel, Reporters Sans Frontières place le Vietnam à la 178ème place sur 200 pays.
Les outrages à la liberté d’expression s’expliquent, selon Marie Gibert-Flutre, par l’arrivée au pouvoir en 2016 d’une ligne conservatrice.
Pourquoi les revendications écologiques dérangent-elles tant le pouvoir ?
« Toucher au mix énergétique, c’est toucher à la prépondérance actuelle du charbon, qui occupe aujourd’hui 30% du mix énergétique, alors qu’il y a une dizaine d’années, elle était seulement seconde après l’hydroélectricité. Or, toucher au charbon, c’est toucher à des sociétés très puissantes, et on ne peut pas au Vietnam, effectivement, être à la tête d’une grande société sans avoir des liens très forts avec l’État. » Ainsi, les revendications écologiques sont perçues comme des menaces pour certains secteurs clefs économiques qui sont liés au parti.
La géographe constate que « l’Etat souhaite garder la monopole de la transition ». Si le pays dispose de ressources pour organiser une transition énergétique, il reste fermé sur les questions sociales et de liberté, et souhaite mener seul cette transition en investissant dans l’énergie solaire notamment.
Radio France Culture – 3 novembre 2023
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