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Birmanie : comment la Russie coopère avec la junte

Menacés par une coalition de groupes rebelles, les militaires au pouvoir depuis le coup d’État de février 2021 mènent des exercices militaires avec la marine russe.

« Des victimes civiles » et « près de 33 000 hommes, femmes et enfants déplacés » depuis le 26 octobre. Tel est le bilan dressé par les associations humanitaires du Myanmar auprès des Nations unies, selon Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Depuis plusieurs semaines, les combats s’intensifient entre la junte militaire, au pouvoir à la faveur du coup d’État de février 2021 et dirigée par Min Aung Hlaing, et une coalition inédite de différents groupes rebelles de l’État Shan, à l’est du pays.

Sur tous les fronts, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, « réaffirme que les civils doivent être protégés », a rappelé son porte-parole, en insistant également sur la nécessité d’un accès « sans entrave » à l’aide humanitaire dans la région. La coalition a récemment affirmé avoir gagné du terrain près de la frontière chinoise, pour ce que certains observateurs présentent comme la plus grave menace pour la junte depuis son arrivée au pouvoir.

En réponse à ces prises de routes commerciales ou d’avant-postes, l’armée régulière mène des raids terrestres et aériens dans la région, frappant indistinctement les bases ennemies comme les villages de civils, où de nombreux massacres ont été commis depuis 2021.

La Russie aurait fourni plus de 406 millions de dollars d’armes à l’armée du Myanmar

Mais Min Aung Hlaing peut compter sur ses alliés du nord. En début de semaine, le Premier ministre de fait a rencontré Nikolaï Ievmenov, commandant en chef de la marine russe, à bord d’un destroyer, au large des côtes birmanes. Les médias locaux ont annoncé « des exercices de sécurité impliquant la flotte russe du Pacifique et la marine birmane », du 7 au 9 novembre. Et ce ne sont pas les premiers du genre.

Depuis le coup d’État contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, toujours emprisonnée, le chef de la junte multiplie les voyages en Russie. Cette dernière aurait fourni plus de 406 millions de dollars d’armes à l’armée du Myanmar depuis février 2021, selon le rapporteur spécial des Nations unies.

Ces exercices sont une manière de menacer les groupes armés du nord et de l’est, mais aussi de rassurer la Chine. Cette semaine, Min Aung Hlaing a également rencontré Wang Xiaohong, ministre chinois de la Sécurité publique, pour parler de la mise en place d’une ligne à grande vitesse et de pipelines dans l’État Shan, des projets faisant partie des « Nouvelles routes de la soie ».

Les deux parties veulent s’assurer que ces infrastructures ne soient pas impactées par les combats. Car ces derniers se déroulent à quelques encablures du territoire de l’État Wa, une entité autonome qui possède l’une des plus grandes armées non-étatiques du monde. Opposés à la junte de Min Aung Hlaing, les Wa n’ont pour le moment pas jeté leurs forces dans la bataille. Mais ont prévenu qu’ils réagiraient en cas d’incursion terrestre ou aérienne sur leur territoire.

Par Axel Nodinot – L’Humanité – 7 novembre 2023

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