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Dans la jungle birmane, des jeunes femmes soldats combattent la junte

Dans la jungle du nord de la Birmanie, un groupe de jeunes femmes en treillis militaire travaille, sous une tente, sur une table encombrée d’ordinateurs portables et de documents.

Soudain une sirène retentit, annonçant un exercice de raid aérien, et l’unité de combattantes prodémocratie, membre des forces de défense du peuple (PDF), dossiers à la main, court se mettre à l’abri dans une tranchée voisine.

Depuis le coup d’Etat militaire de 2021, de nombreux jeunes vivant dans les grandes villes ont rejoint les PDF qui ont vu le jour à travers le pays pour combattre la junte, parfois aux côtés de groupes armés ethniques bien implantés dans certaines régions du pays.

Parmi eux, plusieurs centaines de femmes, qui s’entraînent, vivent et combattent avec des hommes, bouleversant ainsi les normes sexistes très présentes dans ce pays majoritairement bouddhiste.

« Je ne peux pas supporter l’injustice des militaires », déclare Moe Moe, une jeune fille de 18 ans originaire de Mandalay, la deuxième ville du pays.

Elle a grandi pendant une rare période de démocratie et, après l’arrivée des militaires qui y ont mis fin, elle a pris le maquis, après avoir organisé des manifestations anti-junte pendant plusieurs mois dans sa ville.

« Ils ont tué des civils innocents. La principale raison pour laquelle je me suis engagée, c’est ma colère ».

Moe Moe, qui porte le treillis de camouflage du groupe et l’insigne représentant un paon rouge cousu sur son bras, est affectée au service des drones, qu’elle pilote elle-même.

– opératrices de drones –

« Si je largue des bombes directement sur une cible militaire, je me sens très bien pour le reste de la journée. Cela me motive », explique l’adolescente.

« Je suis une fille de Mandalay. J’y suis née. J’ai donc naturellement rejoint la PDF de Mandalay » où elle avait des amis, déclare-t-elle.

« Je veux davantage de missions de drones et mieux montrer ce que je peux faire. »

Moe Moe, qui utilise un pseudonyme pour des raisons de sécurité, fait partie de la centaine de femmes membres de ce groupe qui s’est régulièrement opposé à la junte dans l’Etat de Shan et à Mandalay (nord).

Selon Soe Thuya Zaw, un soldat chargé des opérations de drone, ses camarades féminines se sont révélées être de formidables atouts.

« Nous croyons aux capacités des femmes. Lorsque nous avons réfléchi à la meilleure façon d’utiliser les capacités des femmes soldats, nous avons décidé qu’elles seraient les mieux adaptées à la force des drones », a-t-il déclaré.

Les femmes de la PDF de Mandalay remplissent également toute une série d’autres fonctions, notamment en participant à des patrouilles et en travaillant comme infirmières.

– « la maison me manque » –

Vêtues de pantalons de combat et de T-shirts, les recrues font leur jogging matinal sur des chemins de terre, pressées par les coups de sifflet aigus d’un instructeur. Puis elles participent aux séances de gymnastiques intensives avant de se mettre en rang à la cantine pour un repas composé de riz et de viande.

Dans un autre abri, des femmes assises sont occupées à démonter et nettoyer des fusils avec des chiffons et de l’huile, afin de maintenir en bon état le précieux arsenal d’armes du groupe.

Ces dernières semaines, les PDF de Mandalay ont pris part aux combats dans l’Etat Shan (nord), menés par une alliance de trois groupes ethniques minoritaires près de la frontière chinoise.

A l’infirmerie, composée d’un unique lit placé à l’extérieur d’une maison à côté d’un chariot où sont disposés quelques flacons, un médecin et une infirmière changent le pansement d’un combattant blessé.

Au soleil couchant, plusieurs femmes sont assises dans le camp autour d’un feu, des vêtements suspendus à des cordes tendues entre les arbres et des fusils posés sur une table.

Deux d’entre elles se lèvent – c’est leur tour de patrouiller -, ramassent leurs armes et s’enfoncent dans une jungle de plus en plus épaisse et sombre.

Autour du feu de camp, les soldates portent des tenues de camouflage et du rouge à lèvres rouge, assorti aux insignes rouges de leurs uniformes.

Alors que la nuit s’installe, elles se regroupent pour manger à la lumière de leurs téléphones et parler de leur vie d’avant, et de leurs proches désormais loin d’elles.

« Parfois, la maison me manque », dit Moe Moe. « Mais chaque fois que je parle à ma mère au téléphone, elle me dit : ‘Ma fille, tout va bien, reviens à la maison après la révolution’. »

« En pensant à ses mots, je me sens mieux. »

Agence France Presse – 21 décembre 2023

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