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Restitution au Cambodge de plusieurs œuvres d’art khmères pillées pendant la guerre civile

Le Cambodge va prochainement récupérer l’ « âme de ses ancêtres », quatorze joyaux du patrimoine khmer que le MET, le Metropolitan Museum of Art de New York – qui abrite un million et demi d’œuvres du monde entier et compte parmi les musées les plus prestigieux de la planète –  a accepté de restituer.

Il s’agit de quatorze statues et sculptures datant de l’empire khmer qui a dominé la péninsule indochinoise du 9ᵉ au 14ᵉ siècle, des trésors nationaux qui ont été volés sur le site archéologique de l’ancienne capitale khmère Koh Ker, à 80 km d’Angkor. Leur retour au pays est l’aboutissement d’une longue bataille juridique que le gouvernement cambodgien avait entamée il y a quelques années pour récupérer des fragments de son histoire et de son patrimoine culturel, en poursuivant plusieurs musées, dont le Metropolitan Museum of Art de New York. La plainte de Phnom Penh était notamment fondée sur le témoignage d’un pilleur repenti qui avait reconnu avoir volé des objets sur des sites archéologiques avant de les revendre à des intermédiaires. Et ces trafiquants d’œuvres d’art khmer revendaient ces joyaux à un certain Douglas Latchford.

Un nom très connu dans le monde de l’art

Douglas Latchford était un collectionneur et marchand d’art britannique haut en couleur, surnommé « Dynamite Doug », en raison de sa méthode favorite pour extraire les trésors cachés. Pendant cinq décennies, Latchford a été considéré comme le meilleur expert au monde en antiquités. Il a contribué à agrandir les collections privées comme celles des musées occidentaux. Auteur de trois livres de référence sur l’art khmer, il s’est même vu décerner en 2008 l’équivalent du titre de chevalier par le gouvernement cambodgien. Mais tout bascule en 2019, lorsque le parquet de New York l’inculpe pour trafic illégal d’artefacts anciens et falsifications de documents. Une longue enquête permettra de révéler que Latchford dirigeait un vaste réseau de trafic illégal d’antiquités, particulièrement actif dans les années 70 au Cambodge, les années de terreur des Khmers rouges. Il échappera finalement à la justice puisqu’il décèdera un an plus tard à Bangkok à l’âge de 88 ans sans être extradé aux États-Unis. Mais sa fille, héritière d’une impressionnante collection privée, estimée à 50 millions de dollars, restituera finalement ces œuvres au gouvernement cambodgien. Et prochainement, ce sera le tour d’une partie des œuvres khmers exhibées au MET, que Latchford avait données ou vendues au musée.

This week we announced the return of 16 objects to Cambodia and Thailand—another important step and significant example of The Met’s careful examination of its collection and acquisition histories. /1— The Metropolitan Museum of Art (@metmuseum) December 15, 2023

« Faire le ménage »

La campagne de restitution est déjà bien entamée, dans l’État de New York en tout cas, puisque le parquet de Manhattan a rendu depuis 2017 plus de 1000 pièces issues de collections privées ou de musées à une vingtaine de pays.

Max Hollein, le patron du MET, joue également un rôle central dans ce processus. Il a récemment reconnu vouloir « faire le ménage » dans les collections du musée, en rendant les œuvres volées et s’est engagé à collaborer davantage aussi bien avec la justice américaine que les pays spoliés. On peut donc s’attendre à ce que de nombreuses autres pièces d’exception volées retrouvent leur pays d’origine, même si un certain nombre de musées occidentaux rechignent toujours à s’en séparer, prétextant les avoir acquises de manière tout à fait légale.

Par Jelena Tomic – Radio France Internationale – 21 décembre 2023

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