Quel rôle joue la Chine dans les négociations de cessez-le-feu entre la junte birmane et les rebelles ?
Après plusieurs mois d’offensives menées par une alliance de groupes ethniques minoritaires dans le nord de la Birmanie, un accord de cessez-le-feu a finalement été conclu avec la junte militaire au pouvoir sous l’égide de la Chine vendredi dernier…
Dans un contexte armé qui semble pourtant profiter aux rebelles, pourquoi ont-ils signé un tel accord ? Quel est le rôle de la Chine dans cet accord ?
La Birmanie : une mosaïque de groupes ethniques
La Birmanie est divisée en 135 groupes ethniques, dont le groupe majoritaire est le groupe Bamar, explique Olivier Guillard. La junte militaire, qui s’est emparée du pouvoir en 2021, fait alors face à une résistance acharnée de la part de ces différentes minorités. Cette résistance a mené à des coalitions qui ont réussi à regagner « entre 200 et 300 postes militaires, des villes et des ressources », affirme le chercheur.
Le financement de ces groupes est divers : « Certains se livrent à des activités illégales de contrebande et certains profitent de collusions, c’est-à-dire de transfert de compétences et de fonds de pays étrangers. Parmi ces groupes, certains sont en relation avec certaines autorités chinoises ou encore des entités qui sont thaïlandaises de l’autre côté de la frontière et d’autres ont des liaisons avec l’Inde » souligne Olivier Guillard.
Quels intérêts ces entités étrangères ont-elle à soutenir ces minorités en Birmanie ?
Le conflit en cours en Birmanie prend donc des dimensions régionales à travers le financement d’entités étrangères. Toutefois, ce soutien n’est pas étatique : « le soutien est essentiellement local puisque la plupart de ces groupes ethniques armés ont un historique de présence sur place ou de l’autre côté de la frontière, soit en termes de refuge, soit pour des liens historiques, culturelles et ethniques », affirme Olivier Guillard.
Le cas est cependant plus complexe pour les relations entre la Chine puisque le pays se porte comme médiateur dans le conflit en cours entre les groupes ethniques, la junte et le gouvernement d’unité nationale pro-démocratie : « Pékin est un partenaire commercial et c’est un voisin direct de la Birmanie, avec de certains leviers dans ce pays, des investissements, des collusions diverses et variées, plus ou moins légales, politiques et transparentes, et avec une volonté, si possible, de retrouver un semblant de paix, mais la médiation avance en réalité très lentement », précise le chercheur.
Par Guillaume Erner – Radio France Culture – 16 janvier 2024
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