A Paris, le Cambodge courtise les entreprises françaises
A l’occasion de la visite à Paris du Premier ministre cambodgien et d’un forum d’affaires organisé par le Medef, plusieurs projets d’investissements français ont été annoncés. Le Cambodge entend devenir un autre dragon d’Asie.
En quête de développement et de diversification, le Cambodge entend séduire un peu plus les entreprises françaises. Lors du déjeuner de travail jeudi à l’Elysée, Emmanuel Macron a évoqué avec le Premier ministre cambodgien, Hun Manet, des projets bilatéraux en cours dans les secteurs des transports, de l’énergie, de l’eau et des infrastructures, alors que les investissements français dans le pays sont très réduits.
Dans le cadre de sa stratégie indo-Pacifique, la France, ex-puissance coloniale, s’intéresse en effet de près au développement du pays. Le 15 janvier dernier, à l’occasion du Forum d’affaires France-Cambodge organisé par le Medef, le Premier ministre cambodgien n’avait pas manqué de souligner l’influence française visible dans divers secteurs, tels que l’architecture, le système juridique et la gastronomie.
Bien moins connu dans la région que le Vietnam, la Malaisie ou encore la Thaïlande, Hong Kong et Singapour, ce jeune pays (70 % des quelque 17 millions d’habitants ont moins de 30 ans) aspire à s’inscrire un peu plus dans le radar des investisseurs internationaux. Hun Manet anticipe une croissance économique de 6,6 % pour 2024. Il vante la position du pays parmi les 50 premières destinations mondiales pour les investissements directs étrangers (IDE).
Sino- dépendance
Membre de l’Asean, le Cambodge dépend surtout de son puissant voisin chinois qui détient à lui seul 40 % de la dette externe du pays, selon les dernières statistiques de la Banque mondiale. Mais le pays veut séduire les investisseurs étrangers en quête de diversification de leur chaîne de valeur. Les premiers signes sont visibles. La Cnuced a rapporté une forte hausse des projets de création de nouvelles usines dans le pays . Les flux nets d’IDE ont atteint 3,8 milliards de dollars en 2022 contre 1,8 en 2015.
« Le Premier ministre a mis en place la stratégie dite du pentagone pour hisser le Cambodge parmi les pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030 et à revenu élevé d’ici à 2050. Pour cela nous devons attirer les investisseurs pour développer nos infrastructures, améliorer le système de santé et le système éducatif, favoriser le développement du tourisme » explique Thierry Tea, vice-président d’Overseas Cambodian Investment Corporation (Ocic), l’un des principaux conglomérats diversifiés du Cambodge, présent au Forum du Medef.
Ouverture d’un nouvel hôtel
Le groupe Accor, en collaboration avec le conglomérat Ocic vient de renforcer sa présence dans le pays en annonçant, à l’occasion, le lancement d’un nouvel hôtel Ibis Budget dans la capitale. « Etant l’un des principaux employeurs de Français au Cambodge, nous avons ouvert une Ecole française internationale et sommes partenaires du projet Ecole 42 de Xavier Niel, spécialisée dans la programmation informatique qui s’apprête à ouvrir ses portes dans le pays. Nous sommes également en discussion avec Make Sense pour lancer un incubateur français de start-up, et nous prévoyons de signer avec un grand groupe sportif afin d’établir une académie de sport et de football au Cambodge », indique Thierry Tea.
Au Forum du Medef, Ocic a annoncé avoir sélectionné le groupe Lagardère pour la gestion de la concession duty free du nouvel aéroport international de la capitale Phnom Penh. « L’aéroport devrait ouvrir en 2025 grâce à l’achèvement de la phase 1 du projet d’un montant global de 1,5 milliard de dollars. Il pourra ainsi accueillir 13 millions de passagers avant d’atteindre les 30 millions dès l’achèvement de la phase 2 du projet en cours », détaille Thierry Tea.
Par ailleurs, des contacts ont eu lieu avec Alstom côté transport. Des pourparlers sont aussi en cours avec TotalEnergies pour des stations-service dans deux quartiers de Phnom Penh. Des projets qui pourront permettre à la France de relever sa part des IDE dans le pays qui n’était que de 0,5 % en 2022.
Par Richard Hiault – Les échos – 18 janvier 2024
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