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En Thaïlande, l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra accusé de lèse-majesté

L’enquête porte sur des propos présumés diffamatoires envers le roi et sa famille, exprimés en 2015 depuis la capitale sud-coréenne Séoul.

La police thaïlandaise a inculpé l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra en vertu de la loi controversée sur la lèse-majesté, pour des commentaires tenus en 2015, mais aucune décision n’a été prise au sujet des suites à donner à cette inculpation, a annoncé, mardi 6 février, un représentant de la justice.

Personnage central de la vie politique thaïlandaise, Thaksin Shinawatra « nie » l’accusation et a demandé par écrit un traitement équitable, a déclaré à la presse Prayuth Pecharakun, porte-parole du bureau du procureur général.

L’enquête porte sur des propos présumés diffamatoires envers le roi et sa famille, exprimés en 2015 depuis la capitale sud-coréenne Séoul, a-t-il précisé. C’est au procureur de décider de la tenue d’un procès ou non, à la lecture des conclusions de la police, a rappelé le représentant de la justice.

Un retour en Thailande en août dernier

Au pouvoir entre 2001 et 2006, jusqu’au coup d’Etat de l’armée qui le haïssait, Thaksin Shinawatra est revenu en Thaïlande en août, après un exil auto-imposé de quinze ans pour échapper à des condamnations pour corruption et abus de pouvoir.

Le milliardaire âgé de 74 ans à la santé fragile, nécessitant une surveillance médicale constante selon sa famille, a bénéficié d’une amnistie partielle du roi, qui a réduit sa durée d’incarcération de huit à un an.

Après un passage de quelques heures par la prison à son retour à Bangkok, il est détenu dans un hôpital de la police, où il a subi au moins deux opérations chirurgicales. Il est éligible pour une libération conditionnelle dans les prochaines semaines.

Depuis l’étranger, Thaksin Shinawatra a continué à exercer une influence sur la vie politique thaïlandaise, à travers sa famille et son parti, aujourd’hui appelé Pheu Thai, qui a retrouvé le pouvoir en août. « L’affaire est dans les mains du ministère de la justice (…) Nous devons attendre la décision du procureur général », a réagi le premier ministre, Srettha Thavisin, proche du clan Shinawatra.

La loi thaïlandaise sur la lèse-majesté, considérée comme l’une des plus sévères au monde pour ce type de délit, expose les accusés à des peines d’emprisonnement allant de trois à quinze ans. Elle peut s’appliquer pour des actions commises à l’extérieur du royaume. Ce texte a été détourné pour étouffer toute voix contestataire à des fins politiques, ont dénoncé ces dernières années des groupes de défense des droits humains.

Le Monde avec Agence France Presse – 6 février 2024

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