Plus de 200 journalistes sont emprisonnés depuis le coup d’État de 2021
La Birmanie est devenue un cauchemar pour les journalistes depuis le coup d’État militaire de 2021. Un rapport accablant de l’International Center for Not-For-Profit Law (ICNL) révèle que la junte a emprisonné plus de 200 journalistes au cours des trois dernières années, cherchant à museler la population et à étouffer la dissidence.
Ce chiffre comprend 31 femmes journalistes. Sur les 200 journalistes emprisonnés, près de 150 d’entre eux ont été libérés après avoir purgé une peine moyenne de six mois, mais 59 restent derrière les barreaux. Pire encore, trois journalistes ont perdu la vie en détention aux mains des forces de la junte.
Reporters Sans Frontières dresse un bilan encore plus sombre, affirmant qu’au moins cinq journalistes ont été tués par la junte depuis le coup d’État.
L’arme utilisée par la junte est un arsenal juridique fallacieux. Les journalistes sont inculpés en vertu de neuf lois différentes, souvent pour “incitation” ou pour avoir publié de “fausses nouvelles”. La junte n’hésite pas non plus à invoquer des dispositions antiterroristes détournées de leur objectif.
Les procès organisés par la junte bafouent les droits de la défense et les normes juridiques nationales et internationales. Les journalistes encourent ainsi de lourdes peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison.
La motivation de la junte est limpide : contrôler l’information et masquer la répression sanglante qu’elle exerce sur la population. En réduisant les journalistes au silence, la junte espère étouffer la dissidence et empêcher l’insurrection.
Pourtant, les journalistes et les médias birmans font preuve d’un courage remarquable. Selon l’ICNL, ils restent “engagés avec bravoure à bâtir un écosystème informationnel solide pour un public qui cherche désespérément à connaître la vérité sur l’oppression militaire”.
Le rapport décrit également la chronologie de la répression contre la presse libre. Le 8 mars 2021, marquant le troisième anniversaire des actions de la junte, les militaires ont lancé une offensive d’envergure. Ils ont perquisitionné les locaux de médias, révoqué leurs licences et procédé à des arrestations massives de journalistes.
Cinq organes de presse indépendants – 7Day News, Myanmar Now, Mizzima, DVB et Khit Thit Media – ont vu leurs licences annulées sans aucun motif. Des descentes de police ont également eu lieu dans les bureaux de trois médias à Rangoun.
Malgré ces mesures, la plupart de ces médias continuent de fonctionner, à l’exception de 7Day News. L’ICNL souligne la ténacité et la détermination des journalistes birmans qui, face à l’oppression, s’efforcent toujours d’informer la population.
L’emprisonnement de journalistes n’est qu’un aspect de la répression. Le rapport mentionne également l’arrestation d’une trentaine de journalistes avant le coup d’État, alors qu’ils couvraient les manifestations pacifiques contre le régime.
Ces actions ne sont pas sans conséquences. D’après le Comité pour la protection des journalistes, la Birmanie est devenu le deuxième pays au monde à emprisonner le plus de journalistes en 2023, derrière la Chine, avec 43 professionnels des médias arrêtés l’année dernière.
L’ICNL appelle enfin les acteurs internationaux, y compris les Nations Unies, à renforcer leur soutien aux journalistes et aux médias birmans. Ces derniers jouent un rôle crucial, comparable à “l’oxygène du mouvement en cours pour un retour à la démocratie” conclut le rapport.
Gavroche-thailande.com – 12 mars 2024
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