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Corruption de la police en Thaïlande : un nouveau scandale vise le sommet

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Un avocat a déposé une importante plainte pour corruption de la police qui implique le chef de la police et de nombreux hauts gradés.

La police thaïlandaise fait peur aux thaïlandais, aux expatriés et aux touristes pour de nombreuses raisons.

Chaque année, de nouvelles affaires font la une des médias thaïlandais et horrifient la population, tortures, meurtres, soutien aux chefs mafieux, fausses accusations, certains policiers thaïlandais égalent les plus grands criminels et les plus grands réseaux mafieux.

Le chef adjoint de la police nationale, le général Surachate Hakparn, un policier réputé pour son intégrité et par le fait qu’il n’hésite pas à s’attaquer aux policiers corrompus, est actuellement accusé d’être impliqué dans une affaire de jeux d’argent en ligne.

L’homme semble déranger énormément les policiers corrompus et particulièrement ceux impliqués dans l’affaire du Kamman Nok.

Mais, ses avocats ont épluché le dossier à son encontre et n’ont trouvé aucune preuve de son implication, ils affirment que ces accusations sont là pour le discréditer parce qu’il est maintenant le candidat le mieux placé pour prendre le poste de chef de la police nationale.

Surachate aurait dû être nommé chef de la police en septembre 2023, mais ces accusations et une perquisition très médiatisée à son domicile juste avant la nomination, l’ont écarté du poste.

À la place, le Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin a désigné puis nommé le général Torsak Sukwimon comme nouveau chef de la police le mercredi 27 septembre.

De nombreuses personnes soupçonnent Torsak d’être impliqué dans les accusations envers Surachate.

Et alors que le conflit entre Torsak et son adjoint, Surachate avait été annoncé comme réglé, le Premier ministre a décidé de les muter tous deux à des postes inactifs le mercredi 20 mars.

Mais maintenant, un avocat accuse Torsak d’être impliqué dans une affaire de corruption et assure qu’aucune preuve ne pointe vers Surachate.

Un avocat dépose une importante plainte pour corruption de la police

L’avocat militant Sittra Biabungkerd a présenté le jeudi 28 mars à la police des preuves de ce qu’il affirme être une corruption à grande échelle de la part d’une entreprise de jeux d’argent en ligne impliquant de nombreux officiers.

Le secrétaire de la People’s Lawyers Foundation a remis les documents au major général Charoonkiat Pankaew, chef adjoint du Bureau central d’enquête de la police (CIB).

L’avocat a déclaré que les informations comprenaient des enregistrements de chat, des bordereaux de transfert d’argent et des relevés bancaires.

Les destinataires de l’argent comprenaient de nombreux officiers de police et un commandant de haut rang, a-t-il ajouté.

M. Sittra a déclaré qu’il n’avait pas encore déposé de plaintes individuelles contre des officiers, mais qu’il attendrait 30 jours pour que le bureau mène une enquête.

Il a dit qu’il suivrait l’évolution de la situation et déciderait plus tard de la marche à suivre.

M. Sittra a affirmé qu’aucune de ses conclusions n’indiquait la possibilité d’un acte répréhensible de la part du général Surachate Hakparn.

Il a déclaré qu’il avait reçu ses preuves de la part d’officiers de police qui ne pouvaient plus tolérer la corruption au sein des forces de l’ordre.

Mardi, il a affirmé qu’un gang ayant des liens avec la police percevait environ 100 millions de bahts (2,54 millions d’euros) de pots-de-vin chaque mois.

Il a ensuite été rapporté que Torsak envisageait de porter plainte contre M. Sittra (voir ci-dessous).

Charoonkiat a déclaré qu’il enverrait les informations de l’avocat à la police de la division anti-corruption pour vérification dans les 30 jours.

Il a précisé qu’il ne les enverrait pas à la Commission nationale anti-corruption (NACC) parce que M. Sittra n’avait pas encore déposé de plainte spécifique pour malversation ou corruption.

Et alors qu’il avait été annoncé le mercredi 20 mars que toutes les accusations contre Surachate allait être transférées à la NACC, les policiers proches de Torsak continuent de lui envoyer des citations à comparaitre.

Torsak avait annoncé qu’il remettait toutes les affaires judiciaires impliquant son adjoint Surachate à la NACC, espérant ainsi mettre fin à l’impression de conflit au sein de la police royale thaïlandaise.

Mais, malgré ses propos, les documents n’ont pas encore été envoyés à la NACC et ses enquêteurs ont décidé le mercredi 27 mars d’émettre une troisième citation à comparaître le 1ᵉʳ avril.

Si Surachate ne se présente pas, il fera l’objet d’un mandat d’arrêt, a déclaré une source policière.

Surachate serait en visite au Royaume-Uni et devrait rentrer en Thaïlande le 1ᵉʳ avril.

Le général Watcharapol Prasarnrajkit, directeur général de la NACC, a déclaré que la commission n’avait pas encore reçu de documents ou de preuves en rapport avec les accusations de blanchiment d’argent portées contre Surachate.

Lorsqu’on lui a demandé combien de temps la NACC avait besoin pour enquêter sur l’affaire, il a répondu qu’il n’était pas possible de donner un délai tant qu’elle n’avait pas reçu les preuves.

« La NACC traitera l’affaire avec équité et transparence », a-t-il déclaré.

Le chef de la police nationale porte plainte

Torsak a intenté un procès en diffamation à l’avocat Sittra Biabungkerd, qui l’a accusé d’être impliqué dans l’acceptation de pots-de-vin de la part d’entreprises illégales.

L’équipe juridique de Torsak, dirigée par un ancien procureur principal de la Cour suprême, Siripong Pongpansuk, a déposé une plainte auprès du tribunal pénal du sud de Bangkok le vendredi 29 mars.

M. Siripong a déclaré que Torsak demande également à M. Sittra de payer cinq millions de bahts (127 045 euros) de dommages et intérêts.

La première audience préliminaire a été fixée au 10 juin à 13 h 30.

D’après Sittra, le gang serait lié à au moins trois officiers de police, dont Torsak.

M. Siripong a déclaré que les prétendues preuves de M. Sittra contre Torsak n’étaient « rien » et qu’il avait diffamé le chef de la police nationale.

Torsak a également nommé Atchariya Reuangrattanapong, président du Help Crime Victims Club, comme porte-parole de l’affaire.

M. Atchariya a déclaré que Torsak avait transmis un message à M. Sittra, lui disant qu’il voulait le remercier d’avoir révélé l’affaire, car le chef de la police nationale n’a rien à cacher et est prêt à faire l’objet d’une enquête.

La réforme de la police pourrait être facile à mettre en œuvre

Tulsathit Taptim, journaliste pour Thai PBS World est revenu sur ces affaires :

Aussi désespéré que cela puisse paraître, l’état critique de la police thaïlandaise mérite une dernière tentative.

Et qui dit que cette dernière mesure désespérée doit être extrêmement difficile, coûteuse ou source de division ?

Cette semaine, nous avons touché le fond.

Alors que le pays pensait que rien ne battrait l’incident de Kamman Nok, les hommes les plus puissants de la police ont été accusés, directement ou indirectement, d’être impliqués dans l’acceptation massive et systématique de pots-de-vin.

En l’espace de quelques mois, l’image de la police thaïlandaise, fortement ternie, a été détruite de façon apparemment irrémédiable.

Les journalistes et les commentateurs sont à l’unisson pour dire que la police est pourrie jusqu’à la moelle.

Ils sont tous d’accord pour dire que même s’il y a de « bonnes pommes », les mauvaises ont été trop dominantes et ne peuvent être arrêtées.

Les transferts et les promotions se font de moins en moins au mérite, et les pratiques de corruption se nourrissent d’elles-mêmes.

Les mauvais patrons corrompent leurs subordonnés initialement bons.

Les bons patrons sont submergés par les mauvais subordonnés.

Pire encore, les personnes atteintes de la maladie la transmettent aux politiciens, aux journalistes, aux leaders communautaires et finalement à la société thaïlandaise dans son ensemble.

Un délinquant de la route qui ressent l’envie de « régler » les accusations sur-le-champ parce que ce serait moins cher et plus pratique est un symptôme précoce.

Selon l’avocat bien connue Sittra Biabungerd, il y a aujourd’hui trop d’occasions d’obtenir des pots-de-vin.

Les immigrés indiens illégaux qui vendent des noix doivent payer des pots-de-vin, tout comme les chauffeurs routiers, les employeurs d’immigrés étrangers sans visa, les propriétaires de lieux de divertissement qui enfreignent les limites d’âge ou les heures de fermeture, les exploitants de salons de massage thaïlandais qui proposent des services « spéciaux », les racketteurs de jeux clandestins et ainsi de suite.

Ses documents proclamés concernant les traces d’argent étaient destinés à montrer que l’acceptation de pots-de-vin est une culture lucrative qui va jusqu’au sommet de la police nationale.

L’action de Sittra est intervenue après que deux hauts fonctionnaires de police ont été transférés à des postes inactifs pendant deux mois au siège du gouvernement en raison de leur conflit tumultueux impliquant des allégations de pot-de-vin faites par des collègues.

Sittra a fait monter la pression sur le chef de la police nationale temporairement transféré, le général Torsak Sukvimol, dans le contexte du face-à-face entre Torsak et l’un de ses adjoints, le général Surachate Hakparn, qui a également été transféré.

À ce stade, personne ne sait si Surachate est visé parce que ses rivaux policiers ne veulent pas qu’il joue les héros dans l’affaire Kamman Nok, ou parce qu’il est en fait une pomme pourrie qui se sert de l’affaire de Nakhon Pathom comme d’un escalier vers la gloire professionnelle ultime, à savoir le poste de chef de la police nationale.

Personne ne sait si Torsak veut le discréditer ou simplement faire ce qu’il faut.

Mais tout le monde sait qu’on ne peut faire confiance à personne au sein de la police.

Au cours d’une émission télévisée cette semaine, l’animateur a demandé aux téléspectateurs de voter sur le groupe qui, selon eux, domine les forces de police, les bons ou les mauvais flics.

Environ 5 000 personnes ont participé à ce sondage à bâtons rompus, et seulement 14 % d’entre elles pensent qu’il y a plus de bons policiers que de mauvais.

L’avocat Sittra ajoutait également au mal de tête du Premier ministre Srettha Thavisin.

Ce dernier a déclaré à deux ou trois reprises au moins qu’il ne savait pas quoi faire de l’épreuve de force Torsak-Surachate. […]

Il faut rappeler que lors de la désignation du nouveau chef de la police, le Premier ministre avait refusé d’attendre d’en savoir plus sur les accusations touchant Surachate, comme l’avaient suggéré certains membres de la commission de police, et avait proposé directement que Torsak soit nommé chef.

Essayons de doubler le tutorat et la formation éthique et morale.

Ce n’est pas cher, on peut le faire tout de suite et cela demande un minimum d’efforts législatifs et politiques.

C’est aussi important que de créer les meilleurs détectives ou les tireurs les plus affûtés.

Si c’est déjà huit heures par semaine, passons-le à 16.

Si c’est déjà 16, passons-le à 32.

La police thaïlandaise n’est jamais critiquée pour ses mauvais tirs ou sa mauvaise résolution des crimes.

Ils n’obtiennent qu’une piètre note en matière d’éthique.

La mesure prendra du temps, mais ce n’est pas un problème qui peut être réglé avec une législation magique, des ordres de bâillon, des transferts sans fin ou la mise en place de comités d’enquête qui ne recommanderont de toute façon aucune purge.

Torsak, Surachate et leurs semblables prendront bientôt leur retraite.

Ils sont une source d’inquiétude, mais ne sont pas la première priorité.

En tant que dirigeant national, Srettha doit faire la même chose que ses homologues des pays qui veulent, disons, régner sur le football pendant des années et des années.

Ces pays cultivent les jeunes joueurs, les préparant aux dangers qui accompagnent la capacité et la célébrité.

Pour avoir une force de police compétente et responsable à long terme, il faut adopter la même approche.

Lorsqu’il s’agit de jeunes Thaïlandais aspirant à protéger et à servir, rien n’est plus important que ce cliché de Spiderman :

« Le pouvoir implique de grandes responsabilités ».

Il a dû être enseigné en classe, mais jamais assez pour correspondre aux tentations et aux réalités.

La patience est la clé.

Mais ce n’est pas la seule condition préalable.

La politique thaïlandaise et les bons résultats à long terme ne vont pas de pair.

La plupart des politiciens aiment penser à court terme parce qu’ils ne veulent pas que d’autres s’attribuent les mérites.

C’est ainsi que des personnes comme Torsak et Surachate deviennent des priorités politiques alors qu’elles ne devraient pas l’être.

Penser à long terme à propos de la police est peut-être la chose la plus difficile à faire, en particulier à un moment où les politiciens ont besoin d’une base de pouvoir solide.

Pourtant, la crise de confiance actuelle ne détruira pas seulement les forces de police.

Lorsque les gens ordinaires cessent de considérer la police comme leur espoir en matière d’application de la loi, toutes sortes de mauvaises choses peuvent se produire.

Quant au gouvernement Srettha, une attitude défaitiste n’est pas envisageable, notamment parce que la prochaine éruption de ce volcan risque de n’épargner personne.

Toutelathailande.fr avec The Bangkok Post & Thai PBS World – 30 mars 2024

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