Fréjus : visite au Mémorial des guerres en Indochine
A quelques jours du 70e anniversaire de la chute du camp retranché de Dien Bien Phu, la question de la mémoire des soldats de l’Indochine se pose avec acuité, tant au Vietnam qu’en France. A Fréjus, dans le Var, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, un mémorial a été édifié, le Mémorial des guerres en Indochine.
Inauguré le 16 février 1993 par le Président François Mitterrand, le site abrite notamment une grande nécropole où reposent les restes de militaires « morts pour la France », soit entre 1940 et 1945 à l’époque où les Japonais occupaient l’Indochine, soit, pour la majorité d’entre eux, entre 1946 et 1954, c’est à dire pendant la guerre dite « d’Indochine ».
C’est en vertu d’accords conclus le 2 août 1986 entre la France et le Vietnam que ce mémorial va voir le jour. Les accords en question prévoient en effet le rapatriement en France de 27.000 corps, civils et militaires confondus. La ville de Fréjus, dont le maire est alors François Léotard, propose d’accueillir le futur mémorial des guerres en Indochine à l’emplacement du l’ancien camp Galliéni, où ont notamment séjourné les tirailleurs indochinois pendant la Première Guerre mondiale, et où a déjà été érigé, en 1983, un premier monument commémoratif.
Œuvre de l’architecte Bernard Desmoulin, le mémorial est implanté sur un terrain de 23.403 mètres carrés, et se présente sous la forme d’une promenade circulaire de 110 mètres de diamètre, construite en béton et reposant sur des pilotis.
Un « mur du souvenir » de 64 mètres de long traverse le mémorial. Y sont inscrits 34.935 noms de soldats morts au cours des guerres d’Indochine, mais dont les restes ne reposent pas dans la nécropole.
Mais le mémorial présente aussi l’histoire de l’Indochine française, avec le double objectif de rendre hommage aux soldats du corps expéditionnaire et de mettre à la disposition des visiteurs, et notamment des scolaires, des éléments d’information historique.
A noter, par ailleurs, qu’un espace culturel et multiconfessionnel (christianisme, islam, bouddhisme et judaïsme) inauguré quant à lui en 1996, permet que soient organisées des cérémonies religieuses, et que le mémorial est contigu à une pagode bouddhiste, la pagode Hong Hien.
Une nécropole nationale
Le site abrite sinon une nécropole nationale, qui accueille les ossements des 17.188 militaires identifiés et rapatriés depuis le Vietnam entre les mois d’octobre 1986 et d’octobre 1987. S’y ajoutent les corps de militaires provenant de la nécropole de Luynes, où ils avaient été inhumés avant 1975.
La crypte du mémorial accueille quant à elle les restes de 3.152 soldats inconnus.
A titre exceptionnel – les nécropole nationales étant en principe réservés aux seuls militaires « morts pour la France » en temps de guerre -, les restes de 3.515 civils, dont 25 non identifiés, reposent dans un columbarium édifié sous la partie nord-ouest du déambulatoire périphérique.
Les cendres du général Marcel Bigeard ont également été transférées au mémorial de Fréjus. Le général voulait qu’elles fussent dispersées au-dessus de Dien Bien Phu, ce que le Vietnam a refusé. Il repose néanmoins au milieu de ses compagnons d’armes, morts en Indochine : c’était son souhait.
Naturellement, la nécropole a vocation à accueillir encore d’autres restes, s’il s’en trouve encore. On sait par exemple que six dépouilles de soldats tombés à Dien Bien Phu viennent d’être rapatriées en France, le 11 avril dernier, pour être précis. Leur exhumation avait eu lieu le 26 mars, en présence de l’ambassadeur de France et de représentants des autorités vietnamiennes. Reste maintenant un travail d’identification, à l’issue duquel les familles, si elles sont connues, pourront éventuellement opter pour le transfert à Fréjus.
Une journée nationale d’hommage
Depuis 2005, le 8 juin est la journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Indochine (Instituée par le décret n° 2005-547 du 26 mai 2005). Pourquoi le 8 juin ? Parce que c’est le 8 juin 1980 qu’a été transférée la dépouille du soldat inconnu d’Indochine à la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette.
Lepetitjournal.com – 22 avril 2024
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