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Thaïlande sous la canicule : «J’ai vu un hôtel mettre des glaçons dans sa piscine»

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Chaleur écrasante et humidité étouffante, l’Asie du Sud-est connaît des conditions météorologiques exceptionnelles. Plusieurs Français en vacances ou vivant à Thaïlande ont raconté à «Libé» leur vie sous plus de 50 °C ressentis.

Plus de quarante degrés au thermomètre, plus de cinquante degrés ressentis en prenant en compte les forts taux d’humidité. Ces derniers jours, en Thaïlande, mais aussi aux Philippines ou au Bangladesh, les autorités ont pris des mesures pour protéger les populations des fortes chaleurs. Avril est considéré comme le mois le plus chaud dans la région, mais cette année la canicule est exacerbée par le phénomène climatique El Niño et le réchauffement climatique. L’année 2023 a d’ailleurs été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, et 2024 s’annonce pire. Ces épisodes caniculaires sont amenés à se reproduire et il va falloir apprendre à s’adapter. Libération a contacté des Français en vacances en Thaïlande ou vivant sur place pour qu’ils racontent comment ils s’adaptent à la fournaise. Témoignages.

«Mon fils de 10 ans a fait un malaise»

Mona, 42 ans, en vacances deux semaines en Thaïlande en avril

«On est rentré en France vendredi 19 avril. Nous étions en vacances à Phuket et sur des îles au large avec mon mari et mes deux enfants. Je n’ai jamais connu une telle chaleur. On ne pouvait pas sortir dans la rue. Même en fuyant le soleil, avec des parasols, des crèmes et des tee-shirts anti UV pour les enfants. Il n’y a que dans l’eau qu’on était bien.

Dès le troisième jour, mon fils de dix ans a commencé à se plaindre de la chaleur. Il titubait, il avait de la fièvre. Il a même perdu connaissance une fois. On a donc dû s’organiser. On n’allait que dans des restaurants climatisés, par exemple, même le soir. Mais à 22 heures, il faisait encore 34 °C. Je crois, qu’en quinze jours, le thermomètre n’est pas descendu en dessous de 30 °C. Mon deuxième fils de huit ans n’a pas eu de problèmes.

Cela n’a pas gâché nos vacances. Nous étions déjà venus il y a douze ans à la même période. Nous savions que nous aurions chaud. Et puis, nous avons pu participer à la fête de Songkran, la fête de l’eau. Pendant trois jours tout le monde s’arrose dans la rue avec des pistolets à eau ou carrément des seaux. Mes enfants ont adoré et ça faisait du bien.»

«J’ai vu un hôtel mettre des glaçons dans sa piscine»

Pascale, 62 ans, sur l’île de Ko Samui depuis sept ans

«Je passe mon temps à commander des camions d’eau pour remplir les réservoirs des maisons que je gère. Un camion de 2000 litres coûte autour de 12 euros. Pour un bungalow de 30 mètres carrés pour deux personnes, il en faut un tous les deux jours. Le problème c’est qu’on est sur une île qui s’est beaucoup construite depuis le Covid. Les réserves en eau sont vite épuisées. En ce moment tout est sec. Les pelouses sont brûlées.

Je suis là depuis sept ans et, avant, je vivais à Aix-en-Provence, je connais la chaleur mais je n’ai jamais vécu cela. D’habitude je ne mets jamais la climatisation chez moi. Mais là, c’est impossible de faire autrement. Il fait 35 °C la nuit ! J’ai même vu un hôtel mettre des glaçons dans sa piscine pour rafraîchir l’eau ! Et encore, on a de la chance. Sur une île, on a un peu d’air. Mon fils est allé à Bangkok, qui est plus dans les terres, c’est un invivable.»

«Là, c’est violent»

Bernard, 43 ans, à Phuket depuis deux ans.

«Le mois d’avril est le plus chaud ici, c’est l’équivalent de l’été pour nous. Mais là, c’est violent. Il fait très chaud, dès tôt le matin. Quand vous sortez, vous êtes trempé en deux secondes. On se déshydrate très vite. Ce n’est pas agréable du tout, on ne peut pas faire grand-chose. Du coup, on reste au frais, là où il y a la clim’, à la maison ou dans les centres commerciaux.

Moi, j’organise des excursions, mais je peux travailler à distance. Donc je reste chez moi, et je sors après 17 ou 18 heures. Si je veux aller faire des courses, je vais aérer ma voiture et brancher la climatisation un peu avant. Sinon, c’est un four, on se brûle sur tout, le volant, les sièges… Je sais que dans certaines villes ils bloquent la consommation d’eau certains jours. Il n’y en a pas en quantité suffisante.»

«J’ai pris une douche toute habillée et je me suis couchée comme cela»

Constance, 46 ans, à Chiangmai depuis trois ans.

«Je vis dans le nord du pays. Il fait actuellement 43 degrés. Dans la région, nous subissons la double peine, puisque l’air est saturé en particules fines en raison des brûlis qui ont lieu chaque année à cette période et proviennent des pays limitrophes tels que le Laos et la Birmanie… Nous vivons dans une maison traditionnelle en tek, mal isolée. Donc on est soumis au rythme des éléments. On a une vieille climatisation dans la chambre mais elle est en panne. La seule solution quand il fait chaud, c’est de s’humidifier le corps. Cette nuit, j’ai été réveillée par la chaleur. J’ai pris une douche toute habillée et je me suis couchée comme cela.

Dimanche, nous aurons des clients dans notre maison d’hôte. Ils vont avoir chaud. On garde au congélateur des linges humides à se mettre sur la tête la journée. On a aussi une piscine pour se tremper. Mais il faut bien travailler. Nous avons trois chiens, six chats et un troupeau d’éléphants. Tous les êtres vivants souffrent de la chaleur. Il faut veiller à ce qu’ils aient de l’eau fraîche. Heureusement, on a deux lacs sur la propriété, donc on ne manque pas d’eau. Je viens en Thaïlande régulièrement depuis huit ans. On a souvent des pics de températures à 38 °C, voire 40 °C. Mais 43 °C, et pendant plusieurs jours, c’est vraiment exceptionnel.»

Par Olivier Monod – Libération – 25 avril 2024

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