Infos Birmanie

Un journaliste et un agent de sécurité de DMG condamné en Birmanie : RSF dénonce un acharnement contre le média

Visés, comme l’ensemble des employés du média indépendant Development Media Group, par des accusations de soutien au terrorisme sans fondement, le journaliste Htet Aung et l’agent de sécurité Soe Win Aung ont été condamnés à cinq ans de prison et de travaux forcés. 

Reporters sans frontières (RSF) dénonce une condamnation inique sur des charges utilisées de manière récurrente pour faire taire les professionnels de l’information. La communauté internationale doit, au plus vite, intensifier la pression sur le régime pour qu’il cesse cette répression implacable des médias dans le pays.

Le 28 juin 2024, Htet Aung et Soe Win Aung, respectivement journaliste et agent de sécurité du site d’information indépendant Development Media Group (DMG), ont été condamnés à cinq ans de prison et de travaux forcés par un tribunal de la ville de Sittwe, dans l’ouest de la Birmanie, sur la base de l’article 52 de la loi antiterroriste, qui punit le « soutien ou le financement d’activités terroristes ». Une condamnation inique à l’issue d’un procès inique : aucune preuve de leur complicité en matière de terrorisme n’a été présentée ; la famille des accusés n’a pas été autorisée à assister au procès ; et le verdict n’a pas été rendu public. Leur seule faute : travailler pour un média qui couvre des abus du régime dans l’ouest du pays. 

Les deux hommes ont été arrêtés le 29 octobre 2023. Les militaires birmans ont d’abord arrêté Htet Aung, qui couvrait un festival culturel à Sittwe, avant de faire une descente dans les locaux de DMG, qui a conduit à l’arrestation de Soe Win Aung et à la fermeture forcée du média. Les autres employés sont activement recherchés par les militaires et contraints de poursuivre leur travail dans la clandestinité.

“En s’acharnant de manière éhontée sur un média indépendant qui dénonce les crimes militaires, en accusant l’ensemble de ses employés de terrorisme – une accusation qui devient récurrente pour faire taire les journalistes – et en les emprisonnant à l’issue d’un procès inique, le régime birman démontre une nouvelle fois son mépris total pour la liberté de la presse. Nous appelons la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime birman pour qu’il libère au plus vite Htet Aung, Soe Win Aung, ainsi que tous les journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays, et qu’il mette enfin un terme à ces méthodes répressives révoltantes.

Cédric Alviani

Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

“Terrorisme” : une accusation récurente contre les journalistes

Depuis le début de l’année 2024, de plus en plus de journalistes birmans sont  condamnés pour « terrorisme ». Ainsi, le journaliste du site d’information indépendant The People’s Voice Thura Aung, a été condamné à trois ans de prison en mai, tandis que le reporter du Democratic Voice of Burma (DVB) Yan Naing Soe a été condamné à quatre ans de prison au mois de mars, pour avoir “communiqué par téléphone avec des agences de presse”. Deux mois plus tôt, l’ancienne journaliste et réalisatrice de documentaires Shin Daewe, accusée d’avoir acheté un drone pour filmer un documentaire, avait elle-aussi été condamnée sur la base de la loi anti-terroriste. Sa condamnation à la prison à vie est la peine la plus sévère prononcée contre un journaliste depuis le retour de la junte au pouvoir.

Le putsch du 1er février 2021 a bouleversé le paysage médiatique birman, avec notamment la publication par la junte d’une liste noire de médias interditsEn l’espace de trois ans, la Birmanie est devenue la deuxième plus grande prison de journalistes après la Chine, avec 63 actuellement détenus, et cinq journalistes ont été tués par l’armée : les photojournalistes indépendants Aye Kaw et Soe NaingPu Tuidim, le fondateur de l’agence de presse Khonumthung Media Group, Sai Win Aungchef d’édition au Federal News Journal et Myat Thu Tun, reporter de DVB. Le pays se situe désormais dans les limbes du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, à la 171e place sur 180 pays.

Reporters Sans Frontières – 5 juillet 2024

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