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La statue d’un gardien millénaire exhumée sous un temple d’Angkor au Cambodge

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Le site archéologique d’Angkor, au Cambodge, a une fois de plus révélé une partie fascinante de son passé ancien avec la découverte d’une statue de gardien de porte en grès, enfouie sous les débris d’un temple en ruine. Datée du XIIIe siècle, cette statue, appelée dvarapala, a été retrouvée lors de fouilles menées au temple de Banteay Prei, situé à l’intérieur du vaste parc archéologique d’Angkor.

Au cœur de l’ancienne capitale khmère d’Angkor, les découvertes archéologiques continuent d’éclairer la richesse du patrimoine cambodgien. Angkor, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’étend sur plus de 250 kilomètres carrés et recèle encore des trésors enfouis. Le temple de Banteay Prei, relativement peu visité, a récemment fait l’objet de fouilles minutieuses menées par l’Autorité nationale Apsara, l’organisme responsable de la gestion du parc. C’est lors de ces travaux que les archéologues ont mis au jour une statue de gardien de porte en grès, datant du XIIIe siècle.

Cette découverte enrichit la compréhension des pratiques religieuses et architecturales de l’époque du roi Jayavarman VII, l’un des souverains les plus prolifiques du Cambodge. Le dvarapala, symbole de protection, révèle à la fois la complexité de l’art khmer et la symbolique spirituelle des temples bouddhistes et hindous.

La statue d’un gardien de porte : un symbole de protection

Le dvarapala, statue de gardien de porte, constitue une figure récurrente et essentielle dans l’architecture religieuse d’Asie du Sud-Est. En particulier dans les temples hindous et bouddhistes. Ces statues se voyaient souvent sculptées en grès. Elles représentent des guerriers armés postés à l’entrée des sanctuaires pour en assurer la protection spirituelle.

Symboles de force et de vigilance, ils sont traditionnellement placés de part et d’autre des portes pour repousser les mauvais esprits et protéger les lieux sacrés. Le dvarapala du temple de Banteay Prei, bien que fragmenté en 6 morceaux, conserve l’essence de cette fonction de gardien. Il porte un bâton, élément clé de son rôle protecteur, même si une partie manque aujourd’hui. Sa stature imposante, mesurant 1,6 mètre, en faisait un symbole d’autorité et de défense spirituelle dans l’enceinte du temple.

Chea Sarith, archéologue de l’Autorité nationale Apsara, a confirmé que cette statue avait probablement été enfouie sous les décombres lors de l’effondrement de la structure supérieure du temple. Les fouilles ont permis de retrouver cette figure iconique ensevelie à environ 80 centimètres sous terre. Elle se situait près de la deuxième porte du temple. Malgré les dommages subis – au cou, à l’avant-bras et aux jambes –, la statue reste en bon état de conservation. Elle témoigne alors du savoir-faire des sculpteurs khmers de l’époque.

« Le gardien de la porte en grès sera désormais entreposé au musée Preah Norodom Sihanouk-Angkor », a indiqué la police du patrimoine d’Angkor Wat dans un communiqué. « Il sera préservé et étudié plus avant ».

Un temple peu visité, mais historiquement important

Banteay Prei se trouve souvent éclipsé par les temples plus célèbres d’Angkor tels qu’Angkor Wat et Bayon. Néanmoins, il possède une valeur historique indéniable. Ce temple bouddhiste fut construit sous le règne de Jayavarman VII à la fin du XIIIe siècle. Il fait partie des nombreux monuments érigés par ce souverain visionnaire.

Jayavarman VII reste l’un des souverains les plus marquants de l’empire khmer. Il a profondément transformé le Cambodge à travers un vaste programme de construction religieuse et architecturale. Connu pour son dévouement au bouddhisme mahayana, il a supervisé la construction de nombreux temples, hôpitaux et infrastructures dans tout l’empire.

Il visait à renforcer à la fois la spiritualité et le bien-être de ses sujets. Parmi ses réalisations les plus emblématiques figurent le Bayon, célèbre pour ses tours ornées de visages sereins de Brahma ou Bouddha. Citons également le complexe de Preah Khan, érigé en hommage à son père, à la fin des années 1200 ou au début des années 1300.

Sous son règne, la capitale Angkor a atteint son apogée culturel et architectural. Sa vision d’un empire bouddhiste fort et prospère se reflète dans les structures massives et minutieusement décorées, destinées à symboliser à la fois la puissance royale et la protection spirituelle. Le temple de Banteay Prei reflète cette architecture typique de l’époque.

Situé à environ huit kilomètres au nord d’Angkor Wat, Banteay Prei demeure plus isolé que les temples majeurs du complexe. Toutefois, cette relative obscurité n’enlève rien à son importance. Sa proximité avec le temple de Preah Khan renforce sa position dans la constellation des monuments bâtis sous Jayavarman VII. Ce site, loin des foules touristiques, permet une exploration plus intime de l’art khmer, tout en révélant peu à peu ses secrets enfouis.

Angkor Wat : une richesse archéologique inépuisable

Le parc archéologique d’Angkor est un véritable trésor archéologique qui ne cesse de livrer de nouvelles découvertes. La récente mise au jour du gardien de porte en grès au temple de Banteay Prei s’ajoute à une série de trouvailles significatives.

En effet, plus tôt cette année, plus de 100 statues bouddhistes ont été découvertes au temple de Ta Prohm. Elles datent de la même période Bayon que la statue de Banteay Prei. Certaines statues mesurent jusqu’à un demi-mètre de hauteur. Mais beaucoup se trouvent partiellement endommagées, avec des têtes ou des mains manquantes. Ces statues, qui représentent Bouddha dans différentes postures méditatives, renforcent l’idée qu’Angkor ne représentait pas seulement un centre politique. Elle constituait également un foyer spirituel et artistique de premier plan. Chaque découverte approfondit la compréhension du rôle religieux d’Angkor et de la finesse de l’art khmer.

L’importance mondiale d’Angkor est soulignée par son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1992. Ce site attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année, générant des revenus significatifs pour le Cambodge. Plus de 30 millions de dollars en 2024 uniquement grâce aux ventes de billets. Angkor Wat, qui est désormais reconnu comme la « huitième merveille du monde », est bien plus qu’un site touristique.

Il s’agit d’un lieu vivant de découverte archéologique. Couvrant une superficie de 250 kilomètres carrés, ce parc n’a pas encore révélé tous ses secrets. Chaque fouille, chaque découverte, qu’il s’agisse de statues bouddhistes ou de gardiens de porte, contribue à écrire un nouveau chapitre de l’histoire fascinante de cette ancienne capitale impériale.

Par Laurie Henry – Science & Vie – 21 septembre 2024

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