Cambodge. De nouvelles accusations contre un opposant populaire
Accusé de perturber la stabilité sociale du pays, un nouvel opposant au pouvoir en place a été jugé et risque jusqu’à six années d’emprisonnement. Depuis plusieurs mois et la prise de fonction de Hun Manet, fils de Hun Sen, l’opposition est mise sous l’éteignoir.
Rong Chhun, populaire figure de l’opposition au Cambodge, a comparu la semaine dernière devant un tribunal de Phnom Penh pour répondre de nouveaux chefs d’accusation, au moment où les autorités multiplient les poursuites judiciaires contre les voix dissidentes.
L’ex-syndicaliste et conseiller du parti Pouvoir du Peuple, fondé l’an dernier, risque jusqu’à six ans de prison s’il est reconnu coupable de plusieurs nouveaux chefs d’inculpation, notamment « incitation à perturber la stabilité sociale ».
L’ancien vice-président du parti de la Bougie, formation qui avait été disqualifiée aux dernières élections, s’est dit « prêt » à retourner en prison s’il était arrêté.
« Il s’agit d’une répression et d’une limitation de ma liberté de participer à des activités politiques », a-t-il déclaré aux journalistes avant l’audience au tribunal, où des dizaines de militants étaient venues le soutenir.
Opposition muselée
Rong Chhun avait été arrêté en juillet 2020 après avoir accusé le gouvernement d’« irrégularités » lors de la redéfinition en cours de la frontière orientale du pays, et condamné en août 2021 à deux ans de prison. Sa peine avait été réduite en appel et il avait été libéré au bout de trois mois.
Sun Chanthy, fondateur du parti Pouvoir du Peuple, a lui été arrêté en mai et placé en détention provisoire pour incitation à la haine après avoir critiqué le gouvernement. Plusieurs autres membres du parti ont également été arrêtés ces derniers mois pour des motifs similaires.
Les défenseurs des droits accusent le gouvernement cambodgien d’utiliser la justice pour faire taire l’opposition.
En juillet, un autre dirigeant de l’opposition a été condamné à une amende de 1,5 million de dollars (environ 1,3 million d’euros) après avoir déclaré que la démocratie avait reculé au Cambodge sous le gouvernement de Hun Manet.
Hun Manet est devenu Premier ministre en 2023, après la démission de son père, Hun Sen, qui est resté au pouvoir pendant près de quarante ans.
Ouest France – 30 septembre 2024
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