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Un activiste indigène montagnard arrêté en Thaïlande, résiste à l’extradition vers le Vietnam

Il a été condamné au Vietnam pour terrorisme présumé.

Malgré son statut de réfugié, l’activiste indigène Y Quynh Bdap, qui milite en faveur des groupes indigènes Montagnard et Ede,  a été arrêté le 11 juin en Thaïlande et fait actuellement face à une procédure d’expulsion après que le gouvernement vietnamien ait demandé son extradition.

Les Montagnards font référence à environ 30 tribus indigènes dans les hauts plateaux centraux du Vietnam, parmi lesquels les Ede. Ces groupes ethniques minoritaires font face à la discrimination et la violence liés aux conflits fonciers et attaques soutenues par l’Etat.

Après des années de persécution en tant que jeune activiste, Y Quynh Bdap  s’est enfuie  pour la Thaïlande en 2018 et a obtenu le statut de réfugié de la part du Haut-Commissariat de l’Organisation des Nations Unies pour les réfugiés. En 2019, il a fondé une organisation nommée Montagnards Stand For Justice la Justice (MSFJ), qui milite pour la réforme pacifique et la protection des droits de l’homme pour les communautés indigènes.   Cependant, en mars 2024, l’autorité vietnamienne a déclaré l’organisation MSFJ de groupe terroriste.

En juin 2023, des émeutes  ont éclaté dans la province de Dak Lak, ce qui conduit à une attaque d’un bureau  le gouvernemental. Six membres du peuple indigène Montagnard ont été accusés de terrorisme en lien avec cet incident, dont Y Quynh Bdap qui a été jugé en son absence. En janvier 2024, Y Quynh Bdap et ses coaccusés ont été déclaré coupables et condamnés à dix ans de prison.

L’organisation MSFJ a décrit son inscription sur la liste des terroristes comme une « accusation illogique et injuste  » et dénonce les autorités pour utilisation « d’accusations fausses afin de supprimer la liberté religieuse et les mouvements pacifiques  ». Il a affirmé être engagé  en faveur des réformes pacifiques.

… dès sa création , MSFJ s’est fixé des objectifs clairs pour lutter par des moyens pacifiques, conformément à la loi. Cela est attesté par les centaines de rapports de violation adressés à l’Organisation des  Nations Unies. C’est un témoignage éloquent de l’esprit pacifique et compassionné de ce groupe. Ils osent lutter pour la vérité, pour les droits des prisonniers d’opinions et des personnes opprimées, même aux prix des sacrifices personnels pour traverser la frontière de Thaïlande et continuer de défendre leur compatriote.

Apres sa condamnation en janvier, Y Quynh Bdap a été forcé de restreindre ses mouvements en Thaïlande par peur d’être arrêté renvoyer au Vietnam.

Dans une vidéo enregistrée le 7 juin, Y Quynh Bdap a maintenu son innocence et continué à défendre son engagement pour la protection des droits des indigènes.

Je suis choquée par l’arrestation de Y Quynh Bdap, Défenseur des Droits de l’Homme des Montagnards, à Bangkok, qui risque d’être renvoyé de force au # Vietnam. Si la #Thailande  l’extradite vers un emprisonnement certain, en violation de se obligations domestiques et internationales, elle ne serait pas digne d’être élue à la  @UN_HRC  plus tard cette année @MFAThai pic.twitter.com/p1mwPN6l87

— Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale des Défenseurs des Droits de l’Homme de l’ONU  (@MaryLawlorhrds) 12 juin 2024

Dans une autre  vidéo, il a résumé sa situation: « j’ai peur d’être kidnappé; je sors uniquement pour quelques minutes par jour et je ne peux pas contacter ma famille ».

Les autorités thaïlandaises ont arrêté Y Quynh Bdap pour allégation de violation des visas. Le Vietnam a demandé son extradition et l’a traité de « fauteur de trouble » qui menace la vie des civiles dans les hauts plateaux.

Les organisations et  institutions mondiales  de défense des droits de l’homme ont parlé en sa faveur et ces derniers ont exhorté le gouvernement thaïlandais à rejeter la demande du Vietnam.

Les experts de l’ONU ont averti  sur le fait que  l’extradition de Y Quynh Bdap pourrait engendrer plus de violence envers l’activiste. « Nous  croyons que, si extradé  Y Quynh Bdap serait exposé au risque de disparation forcée ,de torture ou d’autres mauvais traitements ou punitions ».

ChanatipTatiyakaroonwong, chercheuse d’Amnesty International pour la Thaïlande, a critiqué  le Vietnam pour sa suppression de la dissidence à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. « le cas de Y Quynh Bdap illustre clairement les efforts des autorités vietnamiennes pour exercer leur répression à la longue portée contre les défenseurs des droits de l’homme au-delà de leurs frontières. »

Pendant ce temps, Human Rights Watch a signalé une << tendance à la répression transfrontalière » dans laquelle les autorités thaïlandaises engagent un  « marché d’échange » de réfugiés et de dissidents avec les pays voisins. Elle a cité l’arrestation de critiques thaïlandais vivant au Laos, au Vietnam et en Colombie.

L’audience d’extradition de Y Quynh Bdap a été initialement prévue pour le 15 juillet, mais a été reportée au 1 août. Son avocat a insisté sur le fait que l’affaire est motivée sur le plan politique and et que l’accusé exige le droit d’avoir un procès équitable.

Par Mong Palatino – Global Voices /Advox – 30 septembre 2024

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