Birmanie : à peine relâché de prison, un pilier de l’opposition meurt d’une leucémie
Zaw Myint Maung, un proche de l’ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi et pilier de l’opposition birmane, est mort d’une leucémie lundi, quelques jours seulement après avoir été relâché par la junte militaire.
L’homme de 72 ans était une figure de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, victime de la répression de la junte depuis le coup d’État de 2021. Arrêté après le putsch, Zaw Myint Maung a été emprisonné sous l’accusation de corruption. Libéré il y a quelques jours pour raisons de santé, il avait été envoyé en soins intensifs à l’hôpital général de Mandalay, où il est décédé lundi, a indiqué à l’AFP une source au sein de leur parti. La junte lui avait accordé une amnistie dimanche.
«Nous avons eu la confirmation de son décès. C’est une grande perte pour nous, il était l’un des vice-présidents de la LND», a déclaré, sous couvert de l’anonymat, une source haut placée du parti, précisant qu’il est mort d’une leucémie.
. Zaw Myint Maung a mené une grève de médecins en 1988, année charnière en Birmanie, où des manifestations pacifiques d’ampleur contribuent à faire d’Aung San Suu Kyi le visage de l’opposition aux militaires au pouvoir. En 1989, il a quitté son travail dans le département de biochimie d’une université pour rejoindre la LND, créée un an plus tôt. Son engagement lui a valu de passer près de deux décennies en prison. Après que les généraux ont amorcé un tournant démocratique au début des années 2010, qui a permis l’accession au pouvoir du LND, large vainqueur dans les urnes en 2015, il est devenu chef du gouvernement de la région de Mandalay (centre).
«Un vrai dur»
Un an avant le coup d’État, Aung San Suu Kyi l’a décrit comme «un vrai dur et un camarade qui est avec nous depuis le tout début» du parti. Les accusations le visant reposaient sur des «motifs fallacieux et politiques» et ses conditions d’emprisonnement étaient «inhumaines et dégradantes», a réagi lundi la délégation de l’Union européenne en Birmanie, dans un communiqué publié sur X.Son amnistie «par la junte militaire, quelques heures seulement avant sa mort, n’était pas un vrai geste de clémence», a ajouté la délégation. Le putsch militaire contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi en février 2021 a déclenché des soulèvements armés à travers le pays, que la junte s’efforce toujours d’écraser.
La répression de la junte a décimé la direction de la LND. En mars, la junte a dissous la LND pour ne pas s’être de nouveau enregistrée, conformément à une nouvelle loi électorale élaborée par les militaires, l’excluant des élections qui pourraient, selon ces derniers, se tenir en 2025. Juste après le coup d’État, Nyan Win, ancien porte-parole du parti et proche de Aung San Suu Kyi, est mort du Covid-19, en juillet 2021, pendant sa détention dans une prison militaire sous l’accusation de sédition. En 2022, un autre ancien député a été exécuté sur ordre de la junte, premier cas d’application de la peine capitale après des décennies.
Aung San Suu Kyi, 79 ans, purge une peine de 27 ans de prison pour des chefs d’accusation allant de la corruption au non-respect des restrictions imposées en raison de la pandémie de Covid-19. Les groupes de défense des droits de l’Homme soutiennent que le procès-fleuve à huis clos de la lauréate du Nobel de la paix 1991 n’était qu’un simulacre pour l’écarter de la scène politique. En septembre, les médias italiens ont rapporté que le pape François avait offert refuge à Aung San Suu Kyi.
Le Figaro avec Agence France Presse – 7 octobre 2024
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