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Birmanie : 2025, année de tous les dangers pour la junte?

Presque quatre ans après le coup d’État militaire qui a renversé le gouvernement élu, ce grand pays d’Asie orientale sombre dans la guerre civile, le chaos social et l’une des pires crises humanitaires de son histoire. Pourtant, les insurrections armées progressent. Cyril Payen, peut-on, d’ores-et-déjà, parler d’un tournant ?

Ce qui est certain, c’est que la longue marche vers la victoire contre la dictature militaire a commencé avec, pour horizon, l’année 2025. Organisée et structurée, l’opposition pro-démocratique civile et armée opère une montée en puissance qui semble de plus en plus implacable, et ce aux quatre coins de cet immense territoire, carrefour entre l’Asie du Sud-Est et l’Inde.

Le pouvoir central perd du terrain

Selon le gouvernement parallèle, né clandestinement après le coup d’État de février 2021, près des deux tiers du pays ne sont plus contrôlés par le pouvoir central, alors que régions et garnisons militaires tombent une à une, du lointain état d’Arakan à la frontière, du Bangladesh aux sanctuaires de la guérilla kachin aux confins du Triangle d’Or, sans oublier les traditionnels bastions karens, plein est, sur la frontière thaïlandaise où, symbole parmi les symboles, l’ancien quartier général de Manerplaw, tombé en 1994, a été repris cette semaine.

Signe des temps : un an après être officiellement passé d’une tactique de guérilla à une offensive conventionnelle tous azimuts, une grande partie des responsables du NUG, le Gouvernement d’union nationale, a annoncé sortir de la clandestinité pour rejoindre la Birmanie dès janvier 2025.

Une grande fébrilité dans la junte militaire et chez ses alliés

Du côté de la Tatmadaw, l’armée birmane, il y a bien entendu les pertes, de plus en plus importantes, qui permettent aux rebelles de se constituer d’impressionnants arsenaux, mais il y a aussi les défections. Sentant le vent tourner ou écœurés par les méthodes d’une armée souvent accusée d’être en guerre contre sa propre population, des milliers de soldats sont passés dans le camp des rebelles, et de vastes purges ont eu lieu au sein d’un état-major que l’on sait infiltré par les insurgés.

Plus isolés que jamais, les chefs de la junte birmane ne survivent que grâce à leurs parrains chinois, russes ou nord-coréens, pour ne citer que les plus visibles, l’indifférence coupable de la communauté internationale faisant le reste. Mais là aussi, la nervosité du gouvernement chinois face à l’instabilité chez le voisin birman, ou les déboires de Moscou au Proche-Orient, pourraient faire changer les orientations de cette guerre par procuration asiatique.

Le chef de l’armée putschiste dans le collimateur de la CPI

Les soucis, c’est bien connu, volant souvent en escadrille, le karma politique du chef de la junte militaire s’est encore un peu plus assombri le 27 novembre 2024, à des milliers de kilomètres de son bunker de Naypidaw, à La Haye où siège la Cour pénale internationale.

Premier mandat d’arrêt requis par le procureur : le vieux dossier du massacre de la minorité musulmane des rohingyas est exhumé. Le général Min Aung Hlaing y est accusé de crimes, de déportation et de persécutions, des actes qualifiés de crimes contre l’humanité. Les premières audiences pourraient avoir lieu en 2025. Une année donc décisive pour le destin pro-démocratique de la Birmanie.

Par Cyril Payen – Radio France Internationale – 27 décembre 2024

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