Cambodge : inquiétude sur la répression transnationale après l’assassinat d’un opposant en Thaïlande
En Thaïlande, les défenseurs des droits de l’homme dénoncent un climat de répression transnationale croissant, deux jours après l’assassinat de Lim Kimya, ancien élu franco-khmer et opposant au régime cambodgien sur le sol thaïlandais, en plein cœur de la capitale Bangkok. Mercredi 8 janvier au soir, le principal suspect a été arrêté.
La traque aura duré moins de quarante-huit heures après les tirs mortels sur Lim Kimya, opposant cambodgien abattu le 7 janvier à Bangkok. Le tireur présumé a été arrêté au Cambodge, mais Phnom Penh nie toute implication dans l’assassinat de ce Franco-Khmer et ancien élu du Parti du sauvetage national du Cambodge, une formation d’opposition désormais interdite par le régime cambodgien.
Selon les défenseurs des droits humains, il s’agit clairement d’un assassinat politique. « Pour nous, il est clair que ça a été orchestré par Phnom Penh, affirme Emilie Palamy Pradichit, directrice de Manushya Foundation, une ONG qui protège les militants en Asie du Sud-Est. Les assassinats de ce type, contre les dissidents politiques sur le sol étranger, ce ne sont pas des actes isolés. Ils font partie d’une stratégie pour réduire au silence les voix critiques. »
Selon elle, cet assassinat s’inscrit dans un schéma inquiétant de répression transnationale à l’encontre des dissidents cambodgiens espérant trouver refuge en Thaïlande. « La Thaïlande est devenue un terrain fertile pour la répression transnationale, assure Emilie Palamy Pradichit. Il y a une impunité généralisée, une coopération tacite avec les régimes autoritaires voisins et une instrumentalisation des systèmes judiciaires et sécuritaires pour faciliter ces opérations de répression. »
D’après un rapport de l’ONG Freedom House, plus de 150 personnes en Thaïlande ont été victimes de répression transnationale depuis 2014.
Par Valentin Cebron – Radio France Internationale – janvier 2025
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