Quatre morts à Phnom Penh lors d’une distribution caritative

Une bousculade mortelle lors d’une distribution d’ »ang pao » par un Oknha a causé quatre décès. Des critiques sur l’organisation se font jour.

Une distribution caritative tourne au drame

Jeudi 23 janvier au matin, un événement tragique s’est produit en plein coeur de Phnom Penh près du lycée Sisowath. Lors d’une distribution de « enveloppes rouges » (ou ang pao) organisée par Oknha Sok Kong pour le Nouvel An chinois, une bousculade a causé la mort de quatre personnes et en a blessé cinq autres, nécessitant leur hospitalisation.

Parmi les morts figurent un habitant de Phnom Penh âgé de 71 ans et trois personnes âgées de 67, 37 et 45 ans, toutes originaires de la province de Prey Veng.

Ces enveloppes contenaient 40 000 riels (environ 10 $) et deux kilogrammes de riz.

Des compensations financières pour les victimes

Selon le Phnom Penh Post, face à la tragédie, Sok Kong et son fils, Sok Hong, ont annoncé une aide financière aux familles des victimes : 6 000 $ par décès et 4 millions de riels (1 000 $) pour chaque blessé. Le gouverneur de Phnom Penh, Khuong Sreng, a également apporté son soutien avec 5 millions de riels (1 250 $) aux familles des défunts, 2 millions de riels (500 $) pour les blessés et la fourniture de cercueils.

Des critiques sur l’organisation et la sécurité

L’événement a suscité une vague d’indignation parmi l’opinion publique, déplorant l’organisation chaotique qui a mené à une telle tragédie. Beaucoup ont souligné l’indignité de mourir pour une somme modeste et quelques kilogrammes de riz.

Kin Phea, président de l’Institut des Relations Internationales à l’Académie Royale du Cambodge, cité par la même source, a exprimé son indignation sur Facebook : « Il est honteux que de telles bousculades continuent à se produire lors des fêtes du Nouvel An chinois ou vietnamien. Comment parler de croissance économique alors que des gens meurent à Phnom Penh pour 10 $ et un peu de riz ? »

Un reflet des inégalités sociales

Kin Phea a également pointé du doigt les inégalités sociales et la pauvreté endémique qui alimentent ce type de drames. « Ces événements traduisent deux réalités : la pauvreté qui pousse certains à risquer leur vie pour de faibles dons, et le manque de jugement ou la précipitation de certains à se jeter sur ce qui est distribué. »

Il a insisté sur l’importance de mieux encadrer ce type de manifestations : « Les bienfaiteurs devraient collaborer avec les autorités pour organiser des distributions dans des lieux adaptés et sécurisés. » Il a également dénoncé le contraste criant entre richesse et pauvreté, qualifiant ce drame d’« embarras national ».

Une responsabilité partagée

Pa Chanroeun, président de l’Institut Cambodgien pour la Démocratie, a soutenu que Sok Kong, malgré ses intentions charitables, devait assumer la responsabilité de cet incident. « Organiser un tel événement dans sa résidence privée, sans une planification adéquate ni des mesures de sécurité suffisantes, était une grave erreur », a-t-il déclaré.

Aucune explication n’a été fournie quant à la manière dont l’incident s’est produit. Sok Penh Vuth, le gouverneur adjoint de Phnom Penh a déclaré que le rassemblement n’avait pas été organisé de manière formelle, mais spontanée et non un événement planifié dont les autorités auraient eu connaissance.

« Le propriétaire du manoir n’avait pas prévu de distribuer de tels cadeaux, mais les gens sont venus pour cela. Ensuite, le propriétaire leur a donné des enveloppes rouges », a-t-il déclaré.

Pa Chanroeun a également rappelé que les autorités doivent être impliquées dans l’organisation de tels rassemblements pour garantir la sécurité des participants. Sous la loi cambodgienne, les événements de grande ampleur nécessitent une autorisation officielle, une règle souvent appliquée de manière stricte pour d’autres rassemblement.

Lepetitjournal.com – 24 janvier 2025