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Birmanie : quatre ans après le coup d’État, le Conseil de sécurité de l’ONU toujours paralysé

La Birmanie marque, ce 1ᵉʳ février, le quatrième anniversaire du renversement par la junte militaire du gouvernement démocratiquement élu. Plus de 6 230 civils ont été tués depuis, 3,5 millions de Birmans ont été déplacés de force et vingt millions, soit un tiers de la population, a besoin d’aide humanitaire. L’état d’urgence, qui prévaut dans le pays, a été prolongé de six mois par le régime militaire. Le Conseil de sécurité, largement paralysé sur le dossier birman par la Chine, s’est réuni à huis clos.

La nouvelle envoyée spéciale de l’ONU en Birmanie, l’Australienne Julie Bishop, a multiplié les contacts en Asie, et pourtant, la résolution réclamant la fin de la violence et la libération des détenus arbitraires, votée il y a deux ans par le Conseil, n’est toujours pas respectée. Les sanctions concernant le trafic d’armes ou de carburant pour les jets de la junte qui bombardent la population ne sont pas non plus respectées, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.

L’ambassadeur birman auprès des Nations unies, Kyaw Moe Tun, qui s’est affranchi du régime il y a quatre ans, a exprimé la frustration du peuple birman. Il s’est entretenu avec le Conseil sur des demandes très précises. « Nous continuons de demander au Conseil de sécurité de l’ONU de nous aider à sauver le peuple du Myanmar. Nous avons donc besoin de cette action forte de la part du Conseil de sécurité de l’ONU. Aidez-nous à stopper le flux d’armes à la junte militaire. Nous demandons à la communauté internationale de rejeter les élections, car ce seront des élections forcément truquées, pas des élections libres et équitables ». Si le Conseil de sécurité reste bloqué sur le dossier, l’ambassadeur birman promet d’explorer toutes les voies possibles pour mobiliser la communauté internationale. 

Des sanctions aussi demandées contre les crimes du régime

De « graves crimes » ont par ailleurs été commis depuis le coup d’État militaire de février 2021 en Birmanie, ont de leur côté alerté ce 30 janvier des enquêteurs des Nations unies qui redoutent que la situation ne s’aggrave encore si les auteurs ne sont pas jugés. Des craintes exprimées dans un communiqué par Nicholas Koumjian, à la tête du Mécanisme onusien d’enquête indépendant pour la Birmanie.

« Les manifestations contre le régime militaire ont été réprimées avec une violence souvent meurtrière. Des milliers d’opposants présumés ont été emprisonnés illégalement et beaucoup ont subi des tortures, des violences sexuelles et d’autres abus », a ajouté Nicholas Koumjian. En décembre, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’était déjà montré « très inquiet » de « l’escalade des violences » en Birmanie. La guerre civile a provoqué le déplacement de plus de 3,5 millions de personnes dans le pays, selon les Nations unies.

Quatre ans après le coup d’État de la junte, la Birmanie reste déchirée par un conflit civil sanglant, qui a poussé de nombreux jeunes à fuir, notamment en Thaïlande, où ils survivent dans la précarité et la peur. Après le putsch du 1ᵉʳ février 2021, la junte a orchestré par la force la répression des mouvements dissidents, souvent portés par les jeunes générations qui ont grandi durant la décennie d’expérimentation démocratique avec Aung San Suu Kyi. Selon l’ONU, 19,9 millions de personnes en Birmanie, soit plus d’un tiers de la population, auront besoin d’une aide humanitaire en 2025.

État d’urgence prolongé

Ce vendredi 31 janvier, la junte a prolongé de six mois l’état d’urgence qui devait expirer à minuit, reportant de facto une nouvelle fois les élections promises depuis le coup d’État du 1er février 2021, a indiqué le service de presse du régime, cité par l’AFP. Le conseil de défense dirigé par le chef de la junte Min Aung Hlaing a pris cette décision « à l’unanimité » de ses membres, dans un contexte difficile pour l’armée, qui a reculé dans les combats l’opposant aux forces ethniques et pro-démocratie. « La paix et la stabilité sont encore attendues », a déclaré le chef de la junte lors de la réunion dans la capitale Naypyidaw, selon le communiqué.

Radio France Internationale avec Agence France Presse – 31 janvier 2025

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