Au Cambodge, les députés adoptent une loi pour punir la négation du génocide des Khmers rouges
Une proposition de loi visant à punir de cinq ans de prison la négation du génocide des Khmers rouges a été adoptée par les députés cambodgiens ce mardi
Les députés cambodgiens ont approuvé à l’unanimité une loi rendant passible de cinq ans de prison la négation du génocide et des autres crimes commis par les Khmers rouges, a indiqué mardi l’Assemblée nationale sur sa page Facebook. Le texte doit « rendre justice aux victimes des Khmers rouges et empêcher le retour des atrocités au Cambodge », a écrit l’organe législatif. Sa promulgation par le roi Norodom Sihamoni sera entérinée après un vote au Sénat, présidé par l’ancien Premier ministre Hun Sen, une étape considérée comme une formalité.
Cinq ans de prison et 120 000 euros d’amende
Après une guerre civile sanglante, les Khmers rouges, dirigés par Pol Pot, ont régné dans un isolement quasi-total entre 1975 et 1979. Au cours de ces années, environ deux millions de personnes sont mortes de faim, ont été exécutées ou ont péri sous la torture ou les travaux forcés.
Le projet de loi punit d’un à cinq ans de prison et d’une amende de jusqu’à 120 000 euros les personnes reconnues coupables dans le cadre de cette loi. Les atrocités dont la négation est réprimée incluent le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre tels que reconnus par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), le tribunal mis en place avec le soutien des Nations Unies en 2006 pour juger les crimes des Khmers rouges, dissous en 2022 après avoir rendu son dernier jugement.
Manipulation de la justice ?
Le projet de loi avait été annoncé à moins de trois mois du 50e anniversaire de la prise de pouvoir par les Khmers rouges, le 17 avril 1975. Il a été rédigé à la demande de l’ancien Premier ministre Hun Sen, toujours très influent dans la vie politique cambodgienne qui, l’an dernier, avait déploré que certains politiciens refusent toujours de reconnaître le génocide des Khmers rouges et avait appelé le gouvernement à les punir.
Hun Sen, lui-même un ancien cadre des Khmers rouges, a démissionné en 2023 et a transmis la direction du gouvernement à son fils aîné Hun Manet. Le texte est destiné à remplacer une ancienne législation, entrée en vigueur en 2013 également à l’initiative de Hun Sen, qui interdit les déclarations niant les crimes perpétrés par les Khmers rouges sous peine de deux ans de prison. Les groupes de droits humains ont régulièrement accusé Hun Sen, qui a dirigé le pays pendant près de quarante ans, de manipuler la justice pour ses propres fins, et contre les voix dissidentes.
Sud Ouest avec Agence France Presse – 18 février 2025
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