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Fin de l’USAID : un coup dur pour les opérations de déminage au Laos

L’annonce par l’administration Trump du gel des financements de l’USAID a provoqué un choc planétaire. Le 10 mars, le secrétaire d’Etat Marc Rubio a confirmé la suppression de 83 % des programmes soutenus par l’agence américaine de développement – un cataclysme pour le secteur humanitaire. Ces coupes budgétaires drastiques pourraient signer l’arrêt de mort de projets vitaux, comme les programmes de déminage au Laos. Décryptage.

Cinquante ans après la guerre du Vietnam, le Laos continue de déterrer les bombes américaines. L’aviation américaine a largué plus 2 millions de tonnes d’explosifs et d’armes chimiques au Laos. Pour se rendre compte du travail titanesque à accomplir, quelques chiffres. On estime que pendant la guerre du Vietnam, pour couper les voies de ravitaillement des guérillas communistes au nord du pays, l’aviation américaine a largué plus 2 millions de tonnes d’explosifs et d’armes chimiques au Laos. Environ 30 % de ces engins n’ont pas explosé. Chaque année, ces bombes tuent ou mutilent. On dénombre 20.000 morts depuis la fin de la guerre, 46 l’an dernier, dont 40 % d’enfants. Depuis 1993, les États-Unis ont investi plus de 390 millions de dollars pour déminer les sols, mais environ un quart du pays reste contaminé par des restes d’explosifs, notamment des bombes à sous-munitions. Il faudra encore des décennies pour en venir à bout.

Les programmes d’assistance aux personnes invalides risque tout simplement de disparaître

Avec une baisse de décontamination des zones habitées ou cultivées, le premier risque est une hausse probable du nombre de victimes. Des dizaines de personnes, enfants ou agriculteurs, pourraient être tués ou blessés chaque année. Autre conséquence déjà visible : le licenciement des personnels formés au déminage. Quelque 4000 travailleurs qualifiés ont déjà perdu leur emploi faute de financement. Des experts qu’il sera difficile de remplacer. Le Laos est l’un des pays les plus pauvres et le seul pays enclavé d’Asie du Sud-Est. Sa population est essentiellement rurale. La suspension des décontaminations entraînera le gel des restitutions des terres agricoles, ce qui affectera des dizaines de milliers familles qui dépendent de l’agriculture. Autre impact : les programmes d’assistance aux personnes invalides risquent tout simplement de disparaître, plongeant des milliers de victimes d’accidents dans la misère et les privant d’aide médicale. Enfin, toutes les campagnes via les réseaux sociaux, la radio ou la presse écrite visant à sensibiliser la population sur les dangers liés aux engins explosifs, ainsi que les programmes dans les écoles secondaires et les centres d’éducation communautaire ne pourront plus perdurer.

Trouver d’autres donateurs

Beaucoup de Laotiens ont la certitude que les bombardements américains ont considérablement freiné le développement du pays. Les financements de l’USAID ont en quelque sorte réparé une partie des dommages infligés au Laos. Mais le gel des fonds provoque un sentiment de colère, d’abandon et d’énorme gâchis chez les Laotiens.

Le pays espère poursuivre ses opérations de déminage grâce aux autres donateurs, comme le Japon, la Norvège ou la Nouvelle-Zélande. Il sera en revanche très difficile d’atteindre les 30 à 40 millions de dollars alloués chaque année par les États-Unis. Et alors que Washington se dérobe de ses responsabilités, la Chine pourrait combler ce vide et accroître son influence, déjà très forte dans le pays. 

Par Jeena Tomic – Radio France Internationale – 4 avril 2025

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