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Le génocide cambodgien, mémoire vive entre les tours

50 ans après le début du génocide des Khmers Rouges, le Forum des Images projette le documentaire Tours d’exil de Jenny Teng qui met en lumière les souvenirs de la diaspora cambodgienne à Paris.

« Qui se souvient du génocide cambodgien ? ». C’est le titre du cycle que propose le Forum des Images à Paris, du 15 avril au 4 mai, sous le parrainage du cinéaste Rithy Panh : 40 films pour ne pas oublier, 50 ans après l’entrée des Khmers Rouges dans Phnom Penh et le coup d’envoi d’un génocide qui allait faire entre un million et demi et deux millions de morts dans les années 1975-1979. Objectif de la révolution prolétarienne et agraire à la fois : déraciner les citadins et dissoudre aussi bien les familles que les traditions de toutes sortes (politiques, intellectuelles ou culturelles…), et mettre fin aux activités professionnelles d’avant la révolution.

C’est ce souvenir que fait émerger la Jenny Teng dans son documentaire Tours d’exil (2009), à travers les témoignages de Pha, Ta Meng, So Savoeun et Boudha. Leur terre d’asile : les tours du XIIIe arrondissement de Paris, au cœur du quartier asiatique, où se sont installés de nombreux réfugiés sino-khmers dans les années 70-80. Une communauté que la réalisatrice Jenny Teng connaît bien : elle en fait partie, et a ainsi pu recueillir les confidences de ses proches, qui livrent des témoignages empreints des violences dont ils ont été victimes et témoins, et des douleurs de l’exil.

Avec beaucoup de pudeur, Rum Pha, la mère de la cinéaste, raconte son arrivée en France, la promiscuité et la débrouille pour gagner sa vie, sur fond d’inquiétude pour la famille restée au pays, d’autant que les informations sont alarmantes, et que les annonces de nouveaux morts se succèdent. 

Ta Meng a du mal à cacher son émotion quand il raconte comment il a fui Phnom-Penh avec sa fille de 7 ans pour trouver refuge au Vietnam, ultime escale avant Paris.

Boudha se souvient comment les Khmers Rouges étouffaient leurs victimes avec des sacs en plastique. Même à Paris, il garde un bâton sous son lit pour se défendre en cas d’attaque nocturne.

Quant à la chanteuse So Savoeun, elle a transité par un camp de réfugiés thaïlandais avant de rejoindre la France et de partager son art avec les clients d’un restaurant au pied des tours.

La caméra de Jenny Teng accompagne ces témoins dans la vie quotidienne du quartier, entre traditions cambodgiennes – notamment musicales et culinaires – et usages européens. Des appartements aux boutiques et restaurants, des sous-sols au parvis en passant par la salle de danse, c’est aussi tout un univers que l’on découvre, une petite Asie en pleine agglomération parisienne.

Tours d’exil de Jenny Teng, est projeté le 22 avril 2025 au Forum des Images à Paris, en présence de la réalisatrice. Également annoncés : le réalisateur Nara Keo Kosal pour son film Héritages en images, la chercheuse Hélène Le Bail et les artistes Rotha Moeng et Randal Douc.

Par Jean-François Cadet – Radio France Internationale – 20 avril 2025

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