Les trésors de bronze du Cambodge se dévoilent au musée Guimet à Paris
Intitulée « Bronzes royaux d’Angkor, un art du divin », l’exposition « va transformer complètement la vision qu’on a de cette cité mythique », selon Yannick Lintz, présidente du musée national des arts asiatiques – Guimet.
Au-delà des temples en pierre, l’art khmer regorge de trésors de bronze auxquels le musée Guimet, à Paris, consacre une exposition, avec en point d’orgue la version restaurée d’une monumentale statue de Vishnu, surnommée La Joconde du Cambodge.
Angkor, capitale du royaume khmer pendant plus de six siècles (du IXe au XIV-XVe), inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est en effet surtout connue pour l’architecture de ses temples, notamment Angkor Vat, et ses statues en pierre. C’est oublier que ces monuments abritaient toute une population de divinités et d’objets de culte fondus en métal précieux, dont le bronze.
L’exposition a lieu au musée Guimet, à Paris, jusqu’au 8 septembre.
Du VIIe siècle à nos jours
Mêlant histoire de l’art, technique et religieuse, l’exposition dresse « un panorama complet de l’art du bronze depuis le premier millénaire avant notre ère jusqu’à aujourd’hui« , indique Pierre Baptiste, directeur des collections et de la conservation au musée Guimet. À travers un parcours au sein des sites majeurs du patrimoine khmer, le visiteur découvre ainsi les premières mines de cuivre du Cambodge, les débuts de la métallurgie, les premiers bronzes bouddhiques et hindous au VIIe siècle jusqu’à leur apogée lors de la période angkorienne et, enfin, les réalisations les plus contemporaines.
Le tout avec, pour fil conducteur, la relation entre les souverains commanditaires et les artisans spécialisés, qui démontre que le pouvoir et l’art sont étroitement associés.
Une statue découverte en 1936
Le clou de cette exposition est, sans aucun doute, le Vishnu du Mébon occidental, une sculpture monumentale surnommée par certains La Joconde du Cambodge, en référence à l’importance qu’elle revêt pour son pays. Datée du XIe siècle, la sculpture, qui mesurait à l’origine plus de cinq mètres de long, compte parmi les rares représentations de ce dieu de l’hindouisme sous sa forme couchée.
Habituellement conservée au musée national du Cambodge, qui a exceptionnellement prêté 126 pièces sur les quelque 210 exposées, cette statue découverte en 1936 sur le site d’Angkor y est montrée de manière jamais vue auparavant. Jusqu’à présent, seulement une partie de l’œuvre était exposée, à savoir le buste de la statue, la tête, les épaules et les deux bras qui restent.
Après un passage l’an dernier au centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), à Paris, pour une série d’analyses, et au laboratoire Arc’Antique, à Nantes, pour une restauration, elle a retrouvé une partie de ses jambes et de son buste grâce à des fragments collectés au fil des années sur son site d’origine, mais jusque-là restés en réserve.
Rien à voir, cependant, avec la version d’origine qui représentait Vishnu allongé sur un immense serpent, avec la tête du reptile se dressant au-dessus de sa tête, et à ses pieds, peut-être, son épouse Lakshmi, la déesse hindoue de la fortune et de la beauté, qui lui massait les jambes, explique Pierre Baptiste. « Et de son nombril, peut-être, sortait une fleur de lotus dirigée vers le ciel sur laquelle était assis le dieu Brahma, le Créateur dans l’hindouisme, qui, doté de quatre visages, crée le nouveau monde« , poursuit le spécialiste. « Parce que c’est ça qu’est cette statue en fait, c’est le symbole de la création du monde », conclut-il.
Radio Franceinfo avec Agence France Presse – 29 avril 2025
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