En Asie, Emmanuel Macron veut profiter de l’offensive Trump pour jouer la carte française
Le président de la République se rend au Vietnam, en Indonésie et à Singapour pour proposer un « nouvel élan » commercial contre « la loi du plus fort. »
La voie française. Emmanuel Macron s’envole ce dimanche 25 mai pour un périple de près d’une semaine en Asie du Sud-Est. Le président de la République va enchaîner trois visites d’État, au Vietnam tout d’abord, puis en Indonésie et à Singapour.
Une tournée, après de nombreux autres déplacements depuis 2017 en Inde, en Thaïlande, dans l’océan Pacifique et récemment dans l’océan Indien, qui vise selon l’entourage du chef de l’État à poursuivre le réengagement de la France dans la zone indo-pacifique. L’un des axes diplomatiques majeurs d’Emmanuel Macron depuis son premier mandat.
« Il s’agit de la zone la plus dynamique du monde sur le plan économique, fait valoir son entourage, avec un espace géographique de 700 millions d’habitants, environ 4,5 % du PIB mondial… » D’où l’importance de ces escapades officielles, espère-t-on à l’Élysée, qui plus est, à l’heure des grands bouleversements géopolitiques et commerciaux.
Un coup à jouer depuis le retour de Trump
Emmanuel Macron doit atterrir à Hanoï, au Vietnam, dimanche soir. Il rencontrera ensuite plusieurs dirigeants du pays, et pourra échanger avec des étudiants, des investisseurs ou des représentants de divers secteurs (l’énergie par exemple). Il doit atterrir en Indonésie, à Jakarta, mercredi 28 mai, avant de se rendre sur l’île de Java le lendemain. Dernier arrêt vendredi à Singapour avec un discours au Dialogue Shangri-La, le plus grand sommet de défense d’Asie.
À en croire les conseillers d’Emmanuel Macron, la France a un coup à jouer dans la zone, « une opportunité », selon leur vocable, notamment depuis le retour fracassant de Donald Trump à la Maison Blanche et la politique douanière erratique mise en place par la nouvelle administration américaine. De fait, les fameux « tariffs » (les plus hauts sur les pays d’Asie du Sud-Est) ont particulièrement affecté les économies de la région, fortement dépendante du commerce, avant une première remise à plat temporaire mi-mai.
C’est donc dans ce contexte qu’Emmanuel Macron entend faire entendre la voix de la France. Pour promouvoir un chemin, entre la « pression (américaine) extrêmement forte via les mesures commerciales qui ont été annoncées par le président Trump » et une « Chine de plus en plus assertive en particulier sur les contentieux commerciaux, et surtout les contentieux territoriaux. »
Dans l’esprit, le chef de l’État veut proposer un « nouvel élan » dans les coopérations, avec des partenariats « fiables », « respectueux », et en insistant sur les « règles du commerce international. » En opposition à ceux qui prônent « une jungle où la loi du plus fort s’impose », en l’occurrence depuis Washington.
Des dizaines d’accords et contrats attendus
« Tous ces pays de la région savent pertinemment que c’est dans un cadre normé, sur la base des règles internationales, qu’eux-mêmes peuvent développer leur modèle et parvenir à la prospérité recherchée par la population », insistent les conseillers élyséens, avec ces mots : « ni prédation, ni coercition. » Concrètement, Paris espère des dizaines d’accords et de contrats sur les trois visites d’État, et dans divers domaines.
Rien qu’au Vietnam, pour la première visite d’un président française depuis dix ans (et François Hollande), une trentaine d’accords sont en préparation, selon Reuters. Sur les énergies renouvelables, les infrastructures, voire le train. Libération explique par exemple que la France s’intéresse particulièrement à la future liaison à grande vitesse entre Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, 1 500 km, pour un coût estimé à 67 milliards de dollars.
Pour le chef de l’État il s’agit, aussi, de répondre à « l’enjeu sur la diversification de nos sources, de nos chaînes de valeurs et nos chaînes d’approvisionnement », et réduire les dépendances de la France à certains pays. « Toutes les crises que le Président de la République a traversées au cours des dernières années (…) ont démonté qu’il était plus que jamais nécessaire d’être souverain dans des secteurs, et ce qui dit souveraineté, dit avoir la possibilité de faire appel à différents partenaires », fait-on encore valoir à l’Élysée.
Par ailleurs, cette tournée devrait être l’occasion pour Emmanuel Macron d’envoyer de nouveaux messages diplomatiques, et de tordre le cou notamment à la vision d’un « double standard » européen et occidental entre la guerre en Ukraine et le conflit à Gaza. Lors d’un échange avec des étudiants à Jakarta, mercredi, capitale du plus grand pays musulman du monde, il s’attachera à répondre à la « désinformation, aux malentendus et incompréhensions sur la position des partenaires occidentaux. » Et rappeler ici la voix de la France.
Par Anthony Berthelier – Huffingtonpost.fr – 25 mai 2025
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