Cambodge : justice a été rendue avec la condamnation du meurtrier du journaliste environnemental Chhoeung Chhoeng
Le journaliste cambodgien Chhoeung Chhoeng, spécialiste des questions environnementales, a été tué par balle en décembre 2024, par un présumé exploitant forestier illégal, dont il avait révélé les activités de déforestation. Reporters sans frontières (RSF) demande désormais aux autorités cambodgiennes de mettre fin à leurs attaques répétées contre la liberté de la presse, qui alimentent le climat de violence contre les journalistes.
Le 5 juin 2025, le média indépendant CamboJA News a révélé qu’un tribunal de la province de Siem Reap, dans le nord-ouest du Cambodge, avait prononcé une peine de 12 ans de prison pour Sy Loeuy, le meurtrier du journaliste environnemental Chhoeung Chhoeng. Dans son verdict du 28 mai, qui n’avait pas été rendu public, le tribunal a également ordonné le versement d’une indemnisation d’environ 55 millions de riels (12 000 euros) à la famille du journaliste.
Le 5 décembre 2024, Chhoeung Chhoeng, journaliste pour le média Kampuchea Aphivath, enquêtait sur des activités d’exploitation forestière illégale dans la réserve naturelle de Boeung Per lorsqu’il a été attaqué par arme à feu par Sy Loeuy, un exploitant forestier illégal. Grièvement blessé à l’abdomen, il est décédé deux jours plus tard à l’hôpital, à l’âge de 63 ans.
“La condamnation de l’assassin de Chhoeung Chhoeng est une étape importante pour rappeler que les meurtriers de journalistes ne peuvent rester impunis. Ce drame devrait marquer un tournant et conduire à des réformes urgentes pour mettre fin aux violences contre les journalistes dans le pays. Le gouvernement cambodgien doit commencer par mettre un terme à ses attaques répétées contre la liberté de la presse, qui alimentent ce climat de violence, et prendre des mesures concrètes pour garantir la sécurité des journalistes.
Aleksandra Bielakowska – Responsable du plaidoyer du bureau Asie-Pacifique de RSF
Les journalistes qui enquêtent sur les questions environnementales au Cambodge font régulièrement l’objet de menaces, d’attaques ou de poursuites judiciaires. En mai, le journaliste Uk Mao, du média Eagle News, a été détenu arbitrairement pendant plusieurs jours. Il fait actuellement l’objet d’une quinzaine de plaintes en représailles à ses enquêtes sur la déforestation.
Les reporters étrangers deviennent également la cible des autorités. En janvier 2025, le journaliste d’investigation britannique Gerald Flynn, a été expulsé du pays et notifié par les autorités cambodgiennes qu’il était interdit de séjour au Cambodge – une mesure de rétorsion pour sa couverture des sujets environnementaux dans le pays.
En seulement trois ans, le Cambodge a chuté de 19 places dans le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF, occupant désormais la 161e position sur 180 pays et territoires, ce qui le classe parmi les États où la situation de la liberté de la presse est jugée “très grave”.
Reporters Sans Frontières – 6 juin 2025