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Phnom Penh ferme les vannes du pétrole thaïlandais

Dans un climat diplomatique très tendu, le Cambodge suspend ses importations de carburant thaïlandais, ferme des postes-frontières et appelle au boycott des produits thaïlandais.

Les tensions entre le Cambodge et la Thaïlande se sont brutalement intensifiées après la mort d’un soldat cambodgien lors d’un échange de tirs fin mai dans une zone frontalière disputée. Ce conflit territorial ancien, hérité des frontières coloniales encore mal définies, a conduit à une série de mesures de rétorsion économiques et diplomatiques de part et d’autre.

Le Cambodge stoppe les importations de carburant

Le Premier ministre Hun Manet a ordonné l’arrêt total des importations de carburant et de gaz thaïlandais. Selon lui, les entreprises cambodgiennes seraient en mesure de répondre à la demande intérieure en s’approvisionnant auprès d’autres fournisseurs. « Que ce soit pour un mois ou pour toujours, cela ne pose aucun problème », a-t-il déclaré.

Le ministère des Mines et de l’Énergie a affirmé que le Cambodge dispose des capacités suffisantes pour assurer l’approvisionnement national sans la Thaïlande.

Hun Sen appelle au boycott des produits thaïlandais

Dans un contexte d’escalade, le président du Sénat Hun Sen — toujours figure politique centrale du pays — a vivement réagi à une menace émise par un membre de l’opposition thaïlandaise, selon laquelle le Cambodge céderait rapidement si la Thaïlande coupait ses ventes de pétrole.

Accusant la Thaïlande de jouer « un jeu dangereux », Hun Sen a invité ses concitoyens à suspendre leur consommation de produits thaïlandais, appelant à remplacer les importations par des alternatives locales ou d’autres provenances : aliments en conserve, boissons alcoolisées, fruits, légumes, produits énergétiques et électroniques sont visés par ce boycott économique et symbolique.

Par ailleurs, certains observateurs ont relevé une hausse des prix du pétrole sur le marché cambodgien. Mais d’après le Dr Kin Phea, directeur général de l’Institut des relations internationales du Cambodge, cette augmentation n’est pas liée à l’arrêt des importations depuis la Thaïlande. Dans un message publié sur Facebook, il attribue cette flambée aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient, notamment à une frappe aérienne américaine contre l’Iran. Celle-ci a conduit le parlement iranien à adopter une loi visant à fermer le détroit d’Ormuz, un passage stratégique pour le transport mondial de pétrole. Cette évolution devrait, selon lui, entraîner une hausse significative des prix à l’échelle internationale.

Fermetures de postes-frontières

Les autorités cambodgiennes ont également fermé les postes de Choam et Choub Korki dans la province d’Oddar Meanchey, en réaction à la fermeture d’un point de passage par l’armée thaïlandaise dans la province de Buri Ram. L’interruption des échanges à ces points stratégiques illustre la détérioration rapide des relations bilatérales.

Recommandations croisées aux voyageurs

Face à cette escalade, les deux pays ont publié des avis à l’intention de leurs ressortissants. Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a conseillé à ses citoyens d’éviter tout voyage non essentiel en Thaïlande et d’être particulièrement vigilants en cas de déplacement, notamment en évitant les zones de protestation. Un message similaire a été émis par la Thaïlande, invitant ses ressortissants à ne pas se rendre au Cambodge dans l’immédiat.

Une crise qui s’étend au politique

Le différend frontalier a pris une tournure encore plus politique après la fuite d’un enregistrement téléphonique entre la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra et l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen. Dans cet appel, la cheffe du gouvernement thaïlandais exprimait ses difficultés internes et demandait que l’armée thaïlandaise ne soit pas perçue comme interlocutrice officielle.

Peu après la fuite, un des partis clés de la coalition gouvernementale thaïlandaise, le Bhumjaithai, a claqué la porte, aggravant l’instabilité politique à Bangkok. Malgré cela, Paetongtarn Shinawatra a déclaré avoir toujours le soutien de ses autres partenaires et appelé à l’unité pour affronter les tensions. Une manifestation appelant à sa démission est prévue le 28 juin.

Lepetitjournal.com – 23 juin 2025

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