Phnom Penh dénonce les « manœuvres » de Bangkok
Le Cambodge dénonce des décisions contradictoires de la Thaïlande sur la réouverture des frontières, y voyant une manœuvre politique et un manque de sincérité.
Le 23 juin, la Thaïlande a annoncé la fermeture de tous ses points de passage terrestres avec le Cambodge, invoquant des raisons de sécurité. Le lendemain, elle semblait en rouvrir certains, laissant croire à un retour à la normale. En effet, plus de 6 000 personnes — en grande majorité des travailleurs migrants cambodgiens — ont pu franchir le poste-frontière international de Poipet le 24 juin 2025. Mais celui-ci a été refermé dès le lendemain. Une apparente contradiction qui a provoqué l’indignation de Phnom Penh.
Le ministre de l’Intérieur Sar Sokha a dénoncé des gestes « trompeurs », estimant que « laisser les portes ouvertes sans permettre le passage n’est pas un signe de bonne volonté, mais une tactique de dissimulation ».
Une mort qui ravive les tensions
Ces échanges surviennent dans un contexte déjà tendu. Le 28 mai, un soldat cambodgien a été abattu dans la zone de Mom Bei, à la frontière entre la province de Preah Vihear et la Thaïlande. Depuis, les autorités cambodgiennes accusent leur voisin de manipuler l’information pour masquer ses divisions internes.
« Plutôt que d’assumer la réalité, ils mettent en scène un récit où la Thaïlande joue les victimes et accuse le Cambodge », a déclaré Sar Sokha, qui dénonce une stratégie de communication visant à détourner l’attention de la communauté internationale.
Phnom Penh exige des actes clairs
Pour le gouvernement cambodgien, toute réouverture des postes frontaliers doit être officielle et sans ambiguïté. Le Premier ministre Hun Manet a rappelé que la fermeture avait été décidée unilatéralement par Bangkok, et que c’est donc à la Thaïlande de faire le premier pas.
Sar Sokha affirme par ailleurs que les provocations se multiplient le long de la frontière, et appelle à « une coopération respectueuse, dans le cadre des lois et accords internationaux ».
« Nous ne demandons que le respect »
Le ministre a conclu en appelant à tourner la page des tensions historiques entre les deux pays. « Les Khmers sont peut-être plus pauvres, mais ils ont leur dignité. Ce que nous demandons, c’est du respect et une coopération sur un pied d’égalité. »
Il a affirmé que le Cambodge, fidèle à l’héritage du roi-père Sihanouk, à la vision du président du Sénat Hun Sen et à la politique actuelle de Hun Manet, reste attaché à la paix.
Lepetitjournal.com – 26 juin 2025
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