Infos Thailande

Paetongtarn Shinawatra suspendue : nouveau revers pour le clan Shinawatra

Le 1er juillet 2025, la Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu à l’unanimité la Première ministre, Paetongtarn Shinawatra, suite à la saisine d’un groupe de 36 sénateurs.

Ces derniers l’accusent d’avoir gravement violé les normes éthiques en révélant, à travers un appel téléphonique passé le 15 juin avec l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen, des propos jugés contraires aux intérêts nationaux.  

De plus, plusieurs milliers de manifestants se sont mobilisés ce samedi 28 juin afin d’exiger son départ. Les “chemises jaunes”, un groupe pro-royaliste et conservateur, historiquement opposé aux Shinawatra, ont défilé dans les rues de Bangkok. Sur la plateforme TikTok, des manifestants expriment leur manque de confiance, un d’entre eux explique au média DW News : 

“Je ne peux accepter sa façon de parler, comme si elle cédait au Cambodge. Du fond du cœur d’un Thaïlandais, nous n’avons jamais eu de Premier ministre aussi faible. “

Ce scandale a provoqué une série de secousses politiques : 

La majorité gouvernementale s’est effritée lorsqu’un de ses alliés clés, le parti Bhumjaithai a annoncé son retrait. Cette décision fragilise la coalition qui ne dispose plus que d’une majorité très étroite, remettant en question la capacité de Paetongtarn à gouverner. 

Du côté des marchés, l’indice SET (Stock Exchange of Thailand), indicateur principal de la bourse de Bangkok,  a plongé après l’annonce atteignant son plus bas niveau depuis cinq ans. Cette chute reflète une inquiétude des investisseurs face à une possible instabilité politique prolongée. 

Enfin, la popularité de Paetongtarn a fortement chuté, passant de 30,9% en mars à seulement 9,2% fin juin selon un sondage publié le 1er juillet. Ce recul spectaculaire illustre une perte de confiance face à son leadership depuis l’éclatement du scandale. 

Héritage familial : une dynastie sous pression 

Paetongtarn devient le troisième membre de la famille Shinawatra à faire face à la menace d’une fin prématurée de sa carrière politique.

Thaksin Shinawatra, son père, a été renversé par un coup d’État militaire en 2006. Après des années d’exil, il revient en 2023 dans le cadre d’un accord avec les conservateurs, il est désormais visé par des poursuites pour lèse-majesté. 

Yingluck Shinawatra, sa tante, a été destituée en mai 2014 par la Cour constitutionnelle, puis renversée par un coup d’Etat militaire. Elle s’est exilée en 2017 pour échapper à une condamnation pour négligence dans la gestion des subventions rizicoles, et fait toujours l’objet de poursuites. 

La crainte d’un nouveau coup d’Etat 

L’absence d’un gouvernement stable met le pays dans une situation de paralysie politique. Le vote du budget 2026 pourrait être retardé si le poste de premier ministre passe à un candidat d’un autre bloc politique. Ce bouleversement entraînerait un retard de financement des infrastructures et des programmes économiques déjà en cours. 

Le spectre d’un retour de l’armée au pouvoir, même sans putsch brutal, hante désormais les esprits et beaucoup s’inquiètent de la possibilité d’un retour à un régime autoritaire, similaire à celui instauré en 2014.

En attendant l’audience finale, prévue dans les quinze prochains jours, le vice-Premier ministre Suriya Juangroongruangkit assure l’intérim. Si la Cour confirme la suspension, Paetongtarn pourrait voir sa carrière stoppée net, ouvrant la voie à un remaniement en profondeur au sein du parti Pheu Thai.

Par Nesrine Boulakhlas – Thailande-fr.com – 4 juillet 2025

En poursuivant la visite de ce site, vous acceptez l’utilisation de traceurs (cookies) vous permettant juste d'optimiser techniquement votre navigation. Plus d’informations

En poursuivant la visite de ce site, vous acceptez l’utilisation de traceurs (cookies) vous permettant d'optimiser techniquement votre navigation. Aucune information sur votre utilisation de ce site ne sera partagée auprès de quelconques médias sociaux, de sociétés commerciales ou d'agences de publicité et d'analyse. Cliquer sur le bouton "Accepter", équivaut à votre consentement.

Fermer