L’ASEAN juge que les élections en Birmanie ne sont pas prioritaires, selon la Malaisie
Le bloc d’Asie du Sud-Est, l’ASEAN, a convenu que la tenue d’élections en Birmanie n’était pas une priorité et exhorte plutôt la junte au pouvoir dans le pays à respecter ses engagements en faveur de la paix, a déclaré vendredi le ministre malaisien des Affaires étrangères.
Membre de l’ASEAN, la Birmanie est en proie à une guerre civile qui s’intensifie. Les critiques dénoncent le projet d’élection organisé cette année par la junte comme une tentative de prolonger le régime militaire à travers des représentants de façade, en l’absence d’une véritable opposition politique.
Le ministre Mohamad Hasan a précisé que les membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, présidée actuellement par la Malaisie, souhaitent que la Birmanie honore le plan de paix en « cinq points de consensus » auquel la junte s’était engagée en 2021, quelques mois après le coup d’État contre le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.
Ce plan de paix s’est révélé largement inefficace, le gouvernement militaire refusant de dialoguer avec des adversaires qu’il considère comme des « terroristes ». Les partis d’opposition ont été démantelés et ceux qui subsistent sont soit interdits de se présenter, soit réticents à participer à l’élection.
« Une élection ne figure pas dans le consensus en cinq points », a déclaré Mohamad aux journalistes en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN.
« Nous avons conseillé à la Birmanie que la tenue d’élections n’est pas une priorité pour le moment, la priorité étant de mettre fin à toutes les violences… afin que toutes les parties puissent s’asseoir à la même table. »
L’ASEAN a exclu les généraux birmans de ses principales réunions depuis 2022, en raison de leur non-respect des engagements de paix. La Birmanie y est désormais représentée par des responsables du ministère des Affaires étrangères.
Mohamad a ajouté que le bloc n’accepterait pas une élection en Birmanie si toutes les parties n’y participaient pas.
« Organiser une élection partielle n’a aucun sens. Cela ne résoudra aucun problème, mais aggravera au contraire la situation. »
L’armée birmane tente de contenir une rébellion croissante menée par des groupes armés issus de minorités ethniques et un mouvement de résistance qui a émergé rapidement après la répression sanglante des manifestations en faveur de la démocratie. Selon l’ONU, au moins 3,5 millions de personnes ont été déplacées.
Des organisations de défense des droits humains accusent la junte de commettre de nombreuses atrocités contre la population civile, accusations que les autorités militaires rejettent comme étant de la désinformation occidentale.
L’ASEAN souhaite également que le cessez-le-feu temporaire annoncé par la junte après un séisme dévastateur en mars soit prolongé et élargi, a ajouté Mohamad. Les rebelles, les ONG et les observateurs du conflit accusent la junte de ne pas respecter son propre cessez-le-feu et de poursuivre les bombardements et attaques aériennes, ce que l’armée dément.
Par Danial Azhar – Reuters – 11 juillet 2025
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