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Le Cambodge saisit l’UNESCO sur une réplique d’Angkor Wat thaïlandaise

Le Cambodge interpelle l’UNESCO sur une réplique du temple d’Angkor Wat construite en Thaïlande, dénonçant une atteinte à l’intégrité et à l’identité culturelle khmères.

Phnom Penh interpelle l’UNESCO sur une copie d’Angkor Wat en Thaïlande

La ministre cambodgienne de la Culture et des Beaux-Arts, Phoeurng Sackona, a exprimé publiquement ses préoccupations le 10 juillet à Paris lors de la 47ᵉ session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a appelé l’organisation internationale à examiner avec attention la reproduction à grande échelle du temple d’Angkor Wat en Thaïlande, dans la province de Buri Ram.

« Aujourd’hui, nous souhaitons exprimer notre profonde inquiétude concernant la construction d’une réplique de grande ampleur du temple d’Angkor Wat dans la province de Buri Ram, en Thaïlande », a-t-elle déclaré au siège de l’UNESCO, où se déroule la session du 6 au 16 juillet 2025.

Une atteinte à l’authenticité d’un site emblématique

La ministre a souligné que le projet avait été lancé sans concertation préalable avec le Cambodge, ni respect des principes éthiques liés à la culture khmère.

« Cela porte gravement atteinte à l’intégrité, à l’authenticité et à la valeur universelle exceptionnelle de ce site emblématique », a-t-elle insisté.

Malgré les efforts diplomatiques entrepris par Phnom Penh, les travaux de construction se poursuivent. « Une telle situation risque d’établir un précédent extrêmement préoccupant pour tous les sites du patrimoine mondial », a-t-elle averti.

Le Cambodge a ainsi officiellement demandé à l’UNESCO et à ses organes consultatifs de traiter ce dossier avec « la plus grande attention ».

Un dossier déjà dénoncé localement

Cette intervention publique intervient après une première condamnation de la ministre le 20 juin dernier, lors de la 40ᵉ session technique du Comité international de coordination (ICC) pour Angkor et Sambor Prei Kuk, à Siem Reap. Elle y avait déjà qualifié la construction du temple de Siha Nakhon de violation de la Convention du patrimoine mondial de 1972, à laquelle la Thaïlande et le Cambodge sont parties prenantes.

Selon la ministre, il s’agit non seulement d’une infraction juridique, mais aussi d’une atteinte culturelle profonde. « C’est une offense à l’identité, au patrimoine et à l’âme de nos ancêtres khmers », avait-elle alors affirmé.

La Convention de 1972 au cœur du différend

L’article 4 de la Convention de 1972 stipule que chaque État signataire est responsable de l’identification, la protection, la conservation et la transmission du patrimoine culturel et naturel présent sur son territoire.

De plus, l’article 6 exige que les États respectent la souveraineté des nations dont le patrimoine est reconnu au titre de la Convention. Il souligne également le caractère partagé de ce patrimoine mondial, qui nécessite coopération et protection internationales. Toute action pouvant nuire volontairement au patrimoine d’un autre pays est ainsi prohibée.

Une controverse ancienne

La controverse sur la réplique du temple d’Angkor Wat ne date pas d’hier. Dès 2021, des images du temple de Sihanakorn, surnommé « Angkor Wat 2 » sur les réseaux sociaux, avaient suscité de vives réactions au Cambodge.

En août 2021, Phnom Penh avait envoyé des experts pour inspecter le chantier de Wat Phu Man Fah, suspectant une copie du célèbre temple cambodgien.

En 2023, la polémique avait rebondi, poussant le ministère cambodgien à réaffirmer sa vigilance et son opposition à toute appropriation ou détournement de l’identité nationale.

À l’époque, le responsable du temple thaïlandais concerné avait rejeté les accusations, précisant que le temple n’était pas une réplique exacte d’Angkor Wat et que d’autres influences architecturales thaïlandaises avaient été intégrées.

Angkor Wat, symbole de l’identité cambodgienne

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1992, le parc archéologique d’Angkor, et en particulier le temple d’Angkor Wat, est un symbole fort de l’identité nationale du Cambodge et une source de fierté pour sa population. Sa reproduction, même partielle ou inspirée, soulève des questions sensibles de respect du patrimoine et de souveraineté culturelle dans la région.

Par Sao Phal Niseiy – Cambodianess / Lepetitjournal.com – 11 juillet 2025

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